’’ J’ai vu arriver un jeune homme, avec dans le visage quelque chose de l’enfance encore. J’ai pensé : il est trop jeune, il ne peut pas avoir de regard encore, il n’a rien vu et pourtant, je l’ai laissé faire. J’ai fait confiance à l’ami qui me l’avait présenté et je l’ai laissé entrer dans le cercle. Je lui ai simplement dit : tu es autorisé à prendre des photos tandis que je discute avec les gens que je rencontre dans mes pérégrinations nocturnes mais ni eux ni moi ne doivent sentir ta présence, tu devras devenir invisible, inaudible, pas de flashs, et uniquement des mouvements silencieux. Il a accepté et j’étais persuadé qu’il ne tiendrait pas son engagement. Il l’a tenu. Haut la main. Il a surtout balayé mes préventions originelles et démontré que le « regard » n’attend pas le nombre des années.
Maxime Antonin m’accompagne depuis deux ans dans l’aventure « Paris Dernière ». En noir et blanc, il capte des instants volés, il saisit quelque chose chez ceux à qui je parle parce que ceux-là ne prêtent pas attention à lui, il fige des expressions, des attitudes, des gestes qui échappent à leurs auteurs. Il s’empare de leur intimité puisque, au fond, c’est dans cette ignorance, dans cet abandon, dans cette concentration sur autrui qu’ils sont le plus eux-mêmes. Sur les photos, le profil est détourné, le regard file ailleurs, le sourire surgit, l’émotion affleure : les photos sont des films sensibles de leurs vies, de nos vies. Sensibles, absolument. Sentimentaux, assurément.
Les photos racontent aussi la nuit qui encercle, qui protège, qui fabrique un halo, ou une bulle de douceur. Parfois, c’est une nuit fatiguée, alcoolisée, on sent l’obscurité profonde et fragile. Moi qui ai vécu ces moments d’une autre manière que Maxime, les yeux dans les yeux de ceux que je questionne, en couleur, je sais, comme nul autre ne peut le savoir, qu’il a réussi un double prodige : celui de fixer une vérité et celui de transcender cette vérité. Car les femmes et les hommes que l’on voit, immobilisés sur la pellicule, sont à la fois vrais et magnifiés. Je vous invite donc à entrer dans l’univers de « Paris Dernière », dans cette formidable dérive de noctambule, à travers le regard juste et généreux de Maxime Antonin. C’est un voyage qui vous attend. Puisque la ronde des visages est un fabuleux voyage. »
Philippe Besson – Écrivain & présentateur de Paris Dernière.
Galerie de l’hôtel Jules&Jim | 11, rue des gravilliers – PARIS 3
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