Extrait note d’intention / Elka / Série projetée / Double Mixte (Love game)
(…)Elodie Laurent et Stéphane Kiszak -les 2 photographes qui se cachent derrière le tandem- ont trouvé une solution. Celle-ci séduit d’autant plus qu’elle se situe du côté d’une ingéniosité minuscule, d’un génie du pauvre, à savoir le bricolage. Dans la série Double Mixte, Elka va à la rencontre des autres en les affublant de masques cheap à l’effigie des 2 artistes. Le décalage est immédiat, l’effet surprenant et, surtout, le moi est désamorcé. Nus dans une cuisine, à la cool sur un banc public ou derrière le comptoir d’une boulangerie, les masques d’Elka nous font rêver à un monde où « Je est un autre », pour de vrai. (M.V. Le Vif/L’express)
Par-delà les apparences L’on ne brise pas aisément le lien intime unissant le photographe et son modèle, le premier opérant le plus souvent hors-champ, le second livré à l’examen du spectateur. Ailleurs, l’autoportrait vient parfois proposer une alternative à cette relation, l’artiste s’offrant au miroir de la représentation : l’on n’en sort décidemment pas s’agissant du portrait. ELKA, ce duo de photographes, vient avec la série Double mixte déroger à la règle, proposant des autoportraits par modèles interposés, posant en des espaces familiers, arborant des masques de papier aux traits des photographes. Neutralisant la fonction même du portrait en exerçant toutefois dans le même protocole, ils s’éloignent tout autant de la démarche photographique en substituant à la ressemblance un collage visuel, le masque s’insinuant entre le modèle, les photographes et le spectateur, les renvoyant dos à dos. Ce qui apparaît ici n’est plus l’autre, mais soi qui est un autre, aveuglant le modèle dans une représentation figée qui va se répétant au travers des photographies, quête sans fin où l’on est réduit au détail vestimentaire, au décor, et non plus au visage devenu familier autant que dérangeant. En cela, le masque si présent devient une zone neutre, un vide autour duquel tout gravite, la connivence entre les photographes et leurs «doubles» étant seul témoignage d’un échange qui s’est passé avant la prise de vue, l’amont étant ici plus précieux que l’aval. «Double mixte», certes, mais à ce jeu, qui fixe les règles, et qui sert en premier ? Xavier Canonne, Directeur du Musée de la Photographie, Charleroi
Depuis 2010, le duo belge ELKA, Elodie Laurent & Stéphane Kiszak , développe et présente son travail (Bozar de Bruxelles, Galerie Flux, Beaux-arts de Liège…) En 2012, la série Double Mixte entre dans la collection du musée de la photographie de Charleroi. ELKA puise dans l’histoire de l’art, la physique quantique, l’imagerie populaire et la science-fiction pour produire des réflexions sur le réel et sa représentation. Double Mixte (Love Game) est le titre de l’épisode 6, 5e saison (83-84) de la série « L’amour du risque ». ELKA propose un jeu aux méthodes bricolées. Ils interrogent la relation photographe/modèle et nos envies de vie rêvée. Le duo parasite le regard curieux du spectateur sur la vie des autres.