FC3A: métallique

FC3A: métallique

On n’aura finalement vu que trois films au Festival de cinéma des 3 Amériques. Un excellent, un couçi-couça et une arnaque.

Global Metal (Canada - Sam Dunn et Scot McFadyen)
Sam Dunn, trippeux de musique heavy-metal et anthropologue de formation, s’intéresse depuis deux films à l’objet de sa passion d’un point de vue historico-anthropo-sociologique. Après nous avoir servi Metal: A Headbanger’s Journey dans lequel il brosse un portrait général du genre, il s’est attaqué cette fois aux différentes expressions du métal à travers le monde, principalement dans les pays coupés de toutes influences occidentales. Le résultat est fascinant. Dunn a entre autre visité la Chine, l’Indonésie, l’Inde et Israël et s’est rendu compte que le heavy-metal y est non seulement présent (underground, mais très présent) et foisonnant, mais représente pour les jeunes les fondements d’une certaine liberté qui ne leur est pas encore tout à fait possible. Il est touchant de voir que des groupes tels Iron Maiden et Metallica, qui font partie des habitués de nos arénas depuis 20 ans, sont encore des dieux mythiques pour ces jeunes qui n’ont jamais eu la chance de les voir sur scène. À voir lors de sa sortie en salle, que vous soyez fan d’Enya ou de Kreator.

Lynch (États-Unis - blackANDwhite)
Je m’attendais à des plans flyés, une structure éclatée, des images surréalistes. C’est, après tout, de David Lynch dont on parle dans ce film. Alors on a eu tout ça. J’espérais aussi que ce ne serait pas qu’un exercice de style, qu’on aurait aussi de la substance. Dis-donc David, à quoi tu pensais quand t’écrivais Eraserhead? Lost Highway, what the fuck? Et Straight Story, tu t’es payé notre tête ou pas? Dans le genre. Ben de ça on en a eu très peu. Le réalisateur (anonyme) s’est plutôt attardé à montrer la complexité du personnage et ses multiples facettes. Alors on a été forcé d’écouter les anecdotes de jeunesse de David, de regarder David à l’oeuvre dans son atelier de peinture/sculpture, de voir David s’adresser à ses fans sur Internet. Soporifique. Heureusement, on l’a aussi vu au travail sur son dernier long métrage, Inland Empire (que je n’ai pas vu), et là ce fut du bonbon. On a pu voir la façon dont Lynch maîtrise ses pulsions artistiques et fait évoluer ses projets. Et on sourit un peu quand Lynch mentionne pendant le tournage d’Inland Empire que le film a pris une tournure qu’il n’avait pas imaginée et qu’il ne sait trop comment ça va finir. L’histoire de son oeuvre entière, ne trouvez-vous pas?

El Asaltante (Argentine - Pablo Fendrik)
Un homme d’une cinquantaine d’années entre dans une école, fait mine d’inscrire son enfant puis menace soudainement la préposée d’un fusil. Celle-ci doit lui donner le contenu du coffre. Il prend l’argent et quitte en douce. La caméra le suit de près dans la rue. Il s’arrête pour prendre un thé. La jeune serveuse échappe le thé sur la main de l’homme. Brûlé, il arrête à une pharmacie pour acheter un onguent. Il se rend par la suite à une deuxième école et y effectue un autre cambriolage. Il quitte en douce. La caméra le suit de près dans la rue. Il croise à nouveau la jeune serveuse qui, le trouvant louche, s’était mise à le suivre. Il se retourne et la menace d’un fusil.  Elle panique, s’évanouit. C’est qu’elle est asthmatique, la pauvre. Il l’amène à la même pharmacie où on lui prodigue les premiers soins. Après s’être excusé, l’homme quitte pour se rendre à son travail où nous attend enfin le punch de ces interminables soixante-et-onze minutes. S’il y en a pour trouver cela intéressant, moi je trouve qu’on fait perdre le temps précieux d’honnêtes cinéphiles avec une arnaque de ce type.

Bref, c’est le propre de tout festival : on découvre, on se fait surprendre, on se déçoit aussi. Mais on aime ça en tabarouette. Sur ce, j’espère que votre festival aura été à la hauteur de vos attentes.