Sur fond de revendications autonomistes, les régions "riches" ne veulent plus payer pour les régions "pauvres". C'est vrai en Espagne, en Italie et en Belgique et même au Royaume-Uni avec l'Ecosse. Demain peut être en France si l'on continue à pousser le renforcement des prérogatives des régions pour tendre vers un ersatz de landers en lien direct avec Bruxelles.
Car le vers est dans le fruit. Même dans une vielle nation comme la notre. Comme le pointait Laurent Davezies, dans un essai publié en 2008, dans toutes les régions françaises, la somme des prestations sociales et des salaires versés par le service public est supérieure à la somme des salaires versés par secteur privé.
L'importance de ce constat ne doit pas être sous-estimé. Il explique pourquoi jusqu'à présent la France a relativement bien encaissé les soubresauts de la crise, grâce aux amortisseurs sociaux. Il est également une source d'inquiétude.
Le tournant d'une austérité qui ne dit pas son nom, imposée par les marchés financiers, va conduire inéluctablement à une fermeture partielle des robinets sociaux.
Or, de façon mécanique, moins de dépenses publiques et sociales conduira à plus d'inégalités territoriales. Le risque demain c'est le décrochage de certaines régions et l'amplification de leur paupérisation.
A l'inverse, notamment dans une période de crise, une politique d'aménagement du territoire national pilotée par l'Etat est indispensable. Ne mettons pas nos régions en concurrence les unes avec les autres. Le salut ne viendra pas du chacun pour soi mais du tous ensemble.