Un jeune Américain à la recherche de sa bouteille de Coca-Cola !
Grant Morrison (Superman: Genèse, Batman: R.I.P, NOU3, All Star Superman, Batman: L’asile d’Arkham) est un auteur dont je reconnais volontiers le talent, même si j’ai souvent plus de mal à l’apprécier. L’inventivité de ses récits a souvent tendance à m’abandonner sur le bord de la route, légèrement médusé quant à l’utilité d’une inventivité qui a régulièrement tendance à inutilement complexifier le récit. Mais, étant donné, qu’il distille de temps en temps des pépites, il serait évidemment dommage de laisser systématiquement ses ouvres de côté.
« Joe, l’Aventure intérieure » reprend les huit épisodes de la saga US « Joe The Barbarian », édité au sein de l’incontournable catalogue Vertigo. Grant Morrisson y raconte la crise d’hypoglycémie d’un jeune adolescent. En manque de sucre, il est victime d’hallucinations et devient le héros d’une aventure imaginaire où le délire est roi. Rapidement, ses jouets prennent vie, son rat se transforme en guerrier et la réalité s’intègre progressivement à ce monde fictif qui se nourrit de ses peurs.
Si le lecteur partage initialement le désarroi de l’enfant, perdu entre la réalité et l’imaginaire, il comprend bien vite que ce qu’il lit ne se déroule pas vraiment. Comprenant assez vite que sur 220 pages, la mission de l’enfant consiste juste à aller chercher une bouteille de Coca-Cola dans la cuisine afin de mettre fin à sa crise, il a finalement un peu de mal à accrocher à cette parallèle imaginaire, parfois assez décousue et pas toujours intéressante à suivre. Malgré quelques longueurs, il se laisse cependant volontiers prendre à ce jeu qui consiste à établir le lien avec la réalité et appréciera sans aucun doute la fin particulièrement réussie de l’histoire.
Mais, la qualité de ce voyage est indéniablement visuelle. Les dessins de Sean Murphy (American Vampire Legacy) fourmillent de détails et la manière dont il donne vie à l’entièreté de la maison de Joe est remarquable. Quand on sait que c’est Dave Stewart qui assure la colorisation, on peut affirmer que le graphisme de ce mélange d’aventure fantastique, d’heroic fantasy et de quête initiatique vaut assurément le détour.