L’interprétation des peurs de Wulf DORN

Par Lecturissime

 

L’auteur :

Né en 1969, Wulf Dorn écrit depuis l'âge de 12 ans. Plusieurs de ses nouvelles ont été publiées et récompensées par des prix littéraires. L'Interprétation des peurs est son premier roman. Il vit à Ulm, en Allemagne. (Source : Babélio)

L’histoire :

Psychiatre de talent, Ellen Roth reçoit en consultation dans la clinique où elle travaille une femme en état de choc, qui lui confie être harcelée par un homme, sur lequel elle refuse de donner le moindre détail. Serait-elle en proie à un délire de persécution ? Ellen n'a pas le temps d'en apprendre plus : à peine internée, l'inconnue disparaît. 

Quelques jours plus tard, un mystérieux individu agresse Ellen et lui lance un macabre défi : elle a quarante-huit heures pour découvrir qui il est et les raisons qui le poussent à s'en prendre à elle, sans quoi la patiente disparue mourra. 

C'est le début d'une course contre la montre pour Ellen, confrontée à la paranoïa, la peur et la violence. Bien vite, elle se retrouve isolée de tous, ne pouvant compter sur personne. Et avec très peu de temps pour découvrir ce qui, dans sa vie et celle de ses proches, peut motiver cet inconnu qui semble en savoir très long sur elle. (Quatrième de couverture)

Mon avis :

Première impression : mais qu’est ce que c’est que ces personnages sans aucune psychologie ? Des aliens ? Je n’ai jamais connu un tel désert psychologique… Et pourtant la quatrième de couverture nous dit que l’auteur a passé du temps dans des services psychatriques en tant qu’assistant social. Alors ? Je pense qu’il aurait mieux fait d’arpenter les ateliers d’écriture …

Vous me direz « oui mais la résolution de l’énigme explique le pourquoi du comment. » Oui, admettons.  Enfin pour Ellen, mais les autres pourquoi sont-ils privés de psychologie, de passé, de présent, d’avenir, de sentiments, de réflexions, de palpitations, bref d’épaisseur ? Un mystère !

En ce qui concerne la construction, le  retournement de situation est trop soudain : ceux que l’on suspectait deviennent tout à coup des enfants de cœur – hackers de grant talent et  prêts à tout pour défendre Ellen, qui elle aussi s’enfonce brusquement dans la mièvrerie :

« Mark courut dans a chambre et revint avec des serviettes propres. Ellen trouva sa sollicitude touchante. Une vraie mère poule, songea-t-elle sans pouvoir s’empêcher de sourire. » (p. 284)

« Mark la regarda avec amusement avaler en un temps record sa pizza et lui offrit un morceau de la sienne. Même si elle n’aimait pas particulièrement le salami, elle accepta volontiers. » (p. 291)

Ca c’est de la psychologie ! Et encore, je ne vous parle pas du collègue amoureux en secret de la belle, ou des lieux soit disant maléfiques -brrr je tremble... - ou encore des  infirmières aguicheuses qui lancent des regards de biche au premier beau gosse venu … 

Alors oui, la résolution de l’énigme est bluffante, je l’avoue, mais cela n’est malheureusement pas  suffisant  à mes yeux pour en faire un bon polar.

Conclusion : lisez Dennis Lehane et là vous vous inclinerez devant le maître et vous comprendrez ce qu’on entend par psychologie des personnages.

Premières phrases :


« Il est des lieux maléfiques, nimbés de légendes. De tels lieux sont régulièrement le théâtre d’évènements funestes, comme s’ils se nourrissent de drames.

Pour Hermann Talbach, la ferme en ruine du vieux Sallinger était de ces endroits maudits. Tout le monde dans le village en était convaincu. Certains allaient jusqu’à prétendre que quiconque osait s’en approcher sombrait dans la folie. Comme jadis Sallinger qui, un soir de mai, avait mis le feu aux bâtiments avant de périr dans les flammes avec sa femme et ses deux enfants. »

 

D’autres avis :


Clara ; Keisha ; Nadael ; Mimi ; Akialam   

L’interprétation des peurs, Wulf DORN, traduit de l’allemand par Joël FALCOZ, Le cherche midi éditeur, mai 2012, 20 euros