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Mon Festival Lumière 2012

Publié le 22 octobre 2012 par Lechatmasque @chatmasque

Retour à la réalité puisque la quatrième édition du Festival Lumière de Lyon s’est achevée magistralement hier soir après la projection inédite de La Porte du Paradis (Heaven’s Gate, 1980) de Michael Cimino, proposée dans la sublime version de 3h36 récemment conçue par le cinéaste. Et comme tout au long de cette folle semaine, les « battements de cœurs » étaient encore très forts lors de cette cérémonie de clôture. Gérard Depardieu le disait si bien l’année dernière, et cet incroyable partage d’émotions était évidemment au rendez-vous hier, troublant profondément Isabelle Huppert et Michael Cimino en personnes, invités d’honneur émus à l’occasion de cet incroyable clap de fin.

Mon Festival Lumière 2012

« Extrêmement fort et incroyablement près » conviendrait parfaitement pour qualifier la présence exceptionnelle de l’immense Max von Sydow cette année. Sur la scène du Théâtre des Ateliers, notre tout nouveau Chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur a tenu à proposer une nouvelle fois une lecture de sa Leçon de comédien en français (lue une première fois le 9 juillet 2005 à l’Université d’Avignon, et publiée en 2011). Et il m’est certes difficile d’écrire sur cet instant chargé d’intensité… J’espère conserver ce souvenir le plus longtemps possible dans ma mémoire, en gardant intact, surtout, ce moment précieux où ce majestueux interprète parla, la gorge serrée et les yeux brillants, d’Ingmar Bergman (au passé, contrairement à la version papier où l’on peut lire ses propos au présent puisqu’écrits deux ans avant la disparition du grand cinéaste et metteur en scène suédois le 30 juillet 2007…) :

« J’ai eu le bonheur de travailler à plusieurs reprises avec le maître suédois, Ingmar Bergman, tant pour le théâtre que pour le cinéma. Il n’était pas musicien, mais il avait acquis une solide éducation musicale et il avait le sens et un amour profond de la musique. Sa manière d’orchestrer une pièce de théâtre ou un film ressemblait beaucoup pour moi au travail d’un chef d’orchestre. Il était toujours très bien préparé. C’est avec un grande minutie qu’il arrangeait les scènes. Il donnait rarement aux comédiens une analyse de leur personnage ou des ordres concernant leur interprétation. Mais son « blocking », comme disent les Anglais (c’est-à-dire ses instructions concernant les mouvements sur scène : du point A au point B, quand s’asseoir, quand avancer vers son partenaire, quand l’embrasser, quand lui donner une gifle, quand sortir, quand mourir, etc.), ces instructions étaient toujours très précises et éloquentes. Cela donnait immédiatement aux comédiens un rythme psychologique qui dévoilait l’essence de la scène. Il était toujours en avance sur ses comédiens, mais ouvert à toute bonne suggestion. Il pouvait être très dominateur, très possessif, très manipulateur. Mais toujours insupportablement génial. Il avait une incroyable aptitude à stimuler ses comédiens et ses techniciens, à partager son enthousiasme pour la pièce ou le film. Sa ponctualité était légendaire. Et son absolue discipline de travail incroyable. Le moindre petit bruit était absolument interdit pendant les répétitions, mais pendant les pauses, pour le thé, moment sacré, le rire était de mise. Son sens de l’humour était des plus agréables. Monsieur Bergman est sans aucun doute la personne qui m’a le plus influencé, que ce soit pour le cinéma ou le théâtre. Et je suis très heureux d’avoir aujourd’hui la possibilité de vous dire que mon admiration pour lui et ma gratitude à son égard sont sans limites. »

Mon Festival Lumière 2012

Max von Sydow, accompagné de son épouse Catherine et de son fils-réalisateur Cédric Brelet von Sydow, aura apporté à ce festival toute sa prestance, son immensité, sa force et sa sensibilité, au cours des différentes rencontres et projections proposées en son honneur (Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman, La Mort en direct de Bertrand Tavernier, Extrêmement fort et incroyablement près de Stephen Daldry, Max von Sydow : Dialogues with The Renterin Stephen Daldry’s, de Cedric Brelet von Sydow). Au même titre que Lalo Schifrin, tellement jeune, au regard si pétillant et à la répartie dévastatrice auprès de Stéphane Lerouge, Pascale Cuénot (réalisatrice du film Bandes Originales : Lalo Schifrin, troublée et vraiment touchante) et Bertrand Tavernier, tous sous le charme du célébrissime compositeur qui aura à la fois ému et amusé le public.

Mon Festival Lumière 2012

Ce festival m’a aussi permis de découvrir Tim Roth à l’occasion de la projection de Little Odessa de James Gray (1994), me donnant envie d’en découvrir plus sur ces deux artistes… Côté projections, j’ai une nouvelle fois été transportée par cette fable unique en son genre qu’est Le Septième Sceau (1957) ; succombé pour la première fois à la force et à la folie de Runaway Train d’Andrei Konchalovsky (1985) ; ai pensé que décidément, Joan Fontaine n’avait vraiment pas de chance avec les hommes en voyant le magnifique Lettre d’une inconnue de Max Ophüls (1948)…

Quels regrets après tous ces miracles ? Ne pas avoir eu la possibilité d’assister à la Remise du Prix Lumière 2012 à Ken Loach, ne pas avoir vu Agnès Varda et Jacqueline Bisset ; rater les projections de Comme un torrent (Some Came Running) de Vincente Minnelli (1958) proposé dans le cadre de l’hommage à Dean Martin, La Nuit américaine de François Truffaut (1973), E.T. sur écran géant (même si je n’ai peut-être plus l’âge, mais passons !), La Nuit du chasseur de Charles Laughton (1955, dans une copie restaurée), Tess de Roman Polanski (1979), et bien d’autres, évidemment… Je pense donc d’ores-et-déjà m’organiser autrement l’année prochaine, peut-être même en poussant le vice jusqu’à poser une semaine de vacances pour en profiter encore plus ? Qui sait !

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