Après un début de match équilibré, la 25ème minute de jeu est l’emblème de ce début de saison de Milan, car il faut l’avouer, tout va de travers : le premier tir au but de la Lazio est dévié par Bonera et la trajectoire trompe Amelia : c’est 1-0 avec un but « aléatoire ». Milan réagit et quelques secondes plus tard, le tir d’El Shaarawy passe entre les jambes de Bizzarri mais est sauvé sur la ligne par Dias. En deux minutes, on a vécu la situation qui se répète beaucoup cette saison maudite : tout va de travers, au delà des responsabilités de chacun. Car la malchance ne doit pas non plus camoufler les lacunes et les responsabilités des joueurs et de l’entraineur. Il faut souligner que jusqu’à ce moment du match Milan n’avait pas démontré grand chose mais n’était pas non plus dominé par une Lazio largement favorite. Après ce but chanceux, la Lazio a doublé la mise avec un superbe tir lointain de Candreva (et un Amelia mal placé et immobile). Est-ce juste une impression de tifoso frustré où bien contre Milan toutes les équipes et tous les joueurs ont énormément de réussite même dans leurs gestes les plus difficiles? Attention, je ne cherche pas d’alibis car le Milan vu contre la Lazio était mou, sans qualité et dépaysé mais tout semble réussir à nos adversaire alors qu’à l’inverse, chaque obstacle semble être insurmontable pour Milan.
On s’attendait à une réaction, à d’autres progrès par rapport aux dernières rencontres. A l’inverse Milan a terriblement régressé. Et les choix peu compréhensibles d’Allegri n’y sont pas pour rien. Samedi, l’entraineur milanais a tout raté : du schéma tactique au choix des joueurs. Allegri n’est certainement pas le responsable de cette situation dramatique après avoir perdu sa défense centrale Nesta – Thiago Silva, son pilier Van Bommel, le peu de qualité au milieu et un fuoriclasse comme Ibra. L’équipe manque de la qualité et des leaders. Avec une bonne équipe il a obtenu de bons résultats et il doit certes travailler avec l’équipe telle qu’elle est. Ce Milan sans queue ni tête reflète l’identité de ceux qui l’ont construit. Passer de Baresi à Maldini puis à Bonera capitaine est emblématique.
Tout cela est bien clair : Allegri a beaucoup de circonstances atténuantes, l’équipe a été démantelée cet été mais il commence également à avoir de responsabilités importantes. Milan n’est certes plus celui du passé mais n’est pas non plus une équipe construite pour jouer le maintien : Allegri n’en fait pas assez pour l’améliorer. Même fortement déforcé, Milan n’a rien à faire dans le fond du classement et a le potentiel pour arriver dans le top 6. Après deux mois de tests (nécessaires et compréhensibles) et la dernière pause de deux semaines, il n’a toujours pas choisi sa défense centrale titulaire et change continuellement le schéma du milieu de terrain : deux médians, un médian et deux mezz’ali, on repasse aux deux médians et ainsi de suite. En attaque, Allegri continue à alterner les solutions offensives : attaquant de pointe de poids (Pazzini), ou de mouvement (Bojan), ailiers et jeu large, milieux offensifs et solutions centrales… : il faut choisir une identité, à une idée de jeu et s’en tenir : veut-on une équipe large? Veut-on une attaque rapide et légère qui joue balle au pied? Veut-on une attaque avec un attaquant de poids?. L’équipe ne parvient pas à trouver ses repères ni à se stabiliser. Il est temps d’effectuer des choix définitifs : ça ne règlera pas tous les problèmes car la qualité intrinsèque de la défense mais aussi du milieu est à vomir (et que dire des gardiens qui commettent tous des erreurs?), mais cela pourrait limiter les dégâts. Contre la Lazio, il a décidé (à tort) de revenir au 4-3-1-2 qui ne fonctionnait déjà plus en début de saison, en insistant avec un Boateng exécrable, en alignant un Nocerino méconnaissable dans une ligne médiane à 3 alors que la défense se sent plus rassurée avec deux médians et De Jong est beaucoup plus à l’aise dans ce même schéma. Tout cela alors que le 4-2-3-1 montrait des progrès.
Alors que Milan était mené 3-0, Allegri est repassé au 4-2-3-1 (qui commençait à prendre forme), la réaction a été immédiate, avec deux buts à la clé. Ce changement tactique prouve que l’entraineur lui-même a compris qu’il a commis une grosse erreur en revenant au 4-3-1-2 avec Boateng et Nocerino titulaires (mais aussi Antonini, Bonera, un Pazzini « inutile »). On a tous vu que l’entrée d’Emanuelson à droite a transformé l’équipe : que fait Allegri? Il le place défenseur gauche pour faire entrer un Bojan invisible à 5 minutes de la fin… la qualité de l’effectif est insuffisante et la Lazio est de toute façon supérieure à Milan cette saison mais Allegri y a mis du sien pour continuer cette série négative de résultats. La patience a des limites, comme Galliani l’a fait comprendre : « Allegri doit trouver des solutions car on n’a pas envie de changer d’entraineur » L’envie n’y est pas, mais c’est surtout un problème économique puisque le club devrait continuer à payer le salaire d’Allegri jusqu’en juin 2014 (eh oui, ne perdons pas de vue l’objectif de Milan : le Scudetto… du bilan comptable) mais la position de l’entraineur de Milan devient de plus en plus brulante : le remplacer par Tassotti ne couterait rien à la société. En plus du mauvais choix tactique et technique contre la Lazio, la société lui demande de justifier le niveau de joueurs comme Abate, Nocerino, Boateng, Robinho nettement en deçà de leur potentiel, ou encore Montolivo brillant en Nazionale mais éteint à Milan.
Situation critique, mesures exceptionnelles : les Rossoneri sont forcés de rester à Milanello toute la semaine pour tenter de palier au manque d’unité de l’équipe. La société tente tout ce qui est possible pour unir le groupe et pour trouver des solutions afin de s’en sortir sans passer par un changement d’entraineur. Mais on arrive clairement à court d’idée et Allegri est vraiment au pied du mur. Compte tenu de l’impossibilité de modifier l’effectif, l’entraineur finit toujours par payer quand la situation devient catastrophique : quelque soit l’importance de ses responsabilités de manière globale (au delà de Lazio – Milan), si l’équipe ne montre aucun signe d’amélioration, le changement d’entraineur deviendra obligatoire. Tassotti est prêt à mener cette équipe jusqu’à la fin de la saison. Les risques pris par Allegri lors de son coaching (par rapport à avant) prouve qu’il est au bord du désespoir : il tente le tout pour le tout.
Et malgré une situation aussi inquiétante qu’effrayante, où est le président? Toute responsabilité part du haut et fini en bas. Cela part d’un président qui semble s’en foutre complètement du désastre. La ténacité avec laquelle il déserte Milanello, San Siro et avec laquelle il reste dans un silence assourdissant frôle la limite du stoïcisme. Sa conviction que son Milan est compétitif est-il un foutage de gueule où est-il réellement aveugle? Son comportement entraine une réaction en chaine. Le premier maillon est celui d’un mercato désastreux, une destruction totale de Milan. Puis cela passe par la gestion et la communication de Galliani qui recrute au hasard puis qui met la pression totalement déplacée sur l’entraineur (« Il n’a plus d’alibi, avec De Jong on doit jouer le Scudetto ») après avoir passé l’été à démanteler l’équipe sans la moindre idée de comment la reconstruire. Il y a peu à faire quand une équipe compte 2-3 bons joueurs et une demi douzaine de joueurs gratuits. Aucun défenseur central ne sort du lot, les latéraux font pitié hormis le jeune De Sciglio (!!!), les milieux sont sans qualité et l’attaque manque d’un buteur (on verra bien Pato…). C’est vrai qu’avec ce mercato, on peut viser le Scudetto… du bilan comptable. L’entraineur aussi commet ses erreurs (comme cela a été longuement expliqué) : ses choix face à la Lazio sont incompréhensibles, ses erreurs, indéfendables mais d’une manière absolue, il est la première victime du désastre causé par les dirigeants. Les responsabilités des joueurs (eux aussi avant tout victimes) sont sous les yeux de tous : il manque la grinta, la détermination mais l’équipe manque dramatiquement de personnalité, de caractère, de couilles, soulignons-le clairement. Que peuvent-ils y faire s’ils sont médiocres les pauvres?
Le match à Malaga devient fondamental pour Allegri et Milan. C’est un match important pour le classement du groupe car une défaite compliquerait la qualification alors qu’une victoire la rendrait beaucoup plus probable. L’entraineur doit repartir avec les joueurs qui lui donnent des garanties actuellement, notamment De Jong, El Shaarawy, Emanuelson et Pato. Abbiati et Amelia ne conviennent pas? Qu’on teste Gabriel. Des joueurs comme Traoré (pendant ce temps là la Juve a pris Pogba) et Constant sont des flops monumentaux? Qu’on teste Cristante, Valoti, Carmona… Il devient urgent de réagir car si d’une part ce n’était pas juste de prétendre un Milan capable de jouer le Scudetto, le retrouver pratiquement en zone relégable est absolument inacceptable. Les Rossoneri doivent repartir encore une fois de zéro : travail et humilité. Du concret et de l’efficacité. Ce n’est pas le moment de penser à bien jouer, à dominer et à maitriser le jeu. Mieux vaut se baser sur le 4-2-3-1 et même à l’adapter en 4-5-1 en phase défensive, avec une équipe compacte, solide et avec pourquoi pas l’objectif de partir rapidement en contre-attaque grâce à la rapidité d’El Shaarawy, Emanuelson et Pato. Milan doit avant tout retrouver sa dignité, son identité et quelques victoires… au moins pour arriver à 40 points! Avec ou sans Allegri.
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