Présentation de l’éditeur :
Lorsque David Lefèvre se retire seul dans une cabane au cœur de l’île de Chiloé, au Chili, son projet est simple : vivre une existence frugale et authentique, en harmonie avec les éléments. Au fil des saisons, il s’ancre entre lac et forêt, travaille la terre et retrouve le goût des tâches manuelles, de la pêche à la cueillette en passant par la charpenterie. Entre deux corvées de bois, le voyageur devenu sédentaire s’interroge sur son rapport au monde. Et si le bonheur consistait à se contenter de l’essentiel, en marge de la société consumériste ? La beauté et l’intensité de la vie sauvage deviennent une source inépuisable d’émerveillement. Le temps qui s’égrène, plus dense, consacre chaque geste, et de la solitude jaillit une ivresse qui demeure. Le récit de cette expérience, dans la pure tradition du nature-writing, est à la fois un hymne au Grand Dehors et une envoûtante méditation intérieure.
Mon avis :
Par une écriture précise et soignée, l’auteur nous fait entrer tout entiers dans son petit monde à lui, son microcosme. Il est beaucoup question de nature dans ce récit, un monde magnifique au pied de la Cordillère des Andes… Mais pas seulement. Les chapitres où l’auteur parle de lui, de sa recherche, sa déception quant au monde dit « civilisé », tout cela est enrichissant et concourt à nous faire éprouver de l’empathie, voire de la sympathie, pour ce bourlingueur sensible.
Ce qui est intéressant aussi, c’est que l’auteur ne se limite pas à un texte descriptif ou contemplatif. Il ne se contente pas de décrire ce qu’il voit ou ressent. Il réussit à élargir le point de vue pour le rendre global, et porter dans ce livre une véritable philosophie holistique, doublée d’une réflexion sur l’homme en proie à ses doutes, face à la nature… et à l’univers qui l’entoure, tout simplement ! Contrairement à d’autres récits du même genre, qui sont pléthore, « Solitudes australes » offre une dynamique de pensée… Et n’est jamais narcissique. L’auteur évite soigneusement les pièges du genre, et bien qu’il soit tout entier concentré sur son expérience, il reste d’un détachement et d’une humilité remarquables. Bien qu’en point de mire de cette aventure, il ne se considère le nombril ni du monde ni même de son lopin de forêt, mais juste un exemple… Qui peut édifier plus d’un lecteur.
Mon seul regret : l’avoir laissé trainer sur une pal (pile à lire) deux semaines… Mais la rentrée littéraire et son effet laminage ont effleuré par ma table de chevet.
Mon exemplaire est constellé de notes et de traits de crayons. Quelques citations à méditer :
« Il n’
« Ne pas accepter l’écrasement, refuser de se laisser bêtement enterré vivant, opposer la pensée vive à la pensée remâchée, voilà qui me semble la moindre des choses. »
« Bien sûr que ce qu’il me manque certainement ici c’est de me mêler aux autres. On n’avance pas sans eux. Ma porte est ouverte en permanence. Comme l’espace, le bonheur est fait pour être élargi. »
« Au seuil de cette fascination, mon échappée belle demeure un état ouvert. Tant que l’aube sait encore blanchir et le crépuscule apaiser, tant que ne se présente pas de raison qui fasse un signe à mon destin de reprendre la route, je suis ici. C’est peut-être aussi cela la voie de l’éveil. »
Solitudes australes de David Lefèvre. Éditions Transboréal
Date de parution : 05/10/2012