Pour briller dans des galeries où tu ne sais pas quoi dire, il est toujours bon d’avoir sous la main une petite dizaine de références. Blended te mâche le travail.
Tu peux d’ailleurs commencer en dressant toi-même le bilan de la Fiac 2012. Sans vouloir parodier Cyrano, plusieurs tons possibles. Snob : « La Fiac a voulu se disperser, c’est réussi. Elle a perdu en cohérence« . Plus condescendant : « 182 participants cette année ? J’ai pas tout compris, mais j’ai pris une claque« . Économiste : « Malgré l’épouvantail d’une intégration des œuvres d’art dans l’assiette de l’ISF, la foire a fermé ses portes sur un bilan inespéré« . Sociologue : « Du grandiose et du détournement, l’art contemporain se rapproche de l’appropriation démocratique du street art. Demain, le monde sera une galerie« . Énigmatique pessimiste : « L’art contemporain ? Tu sais ce que disais Cioran, S’il tient à préserver une quelconque dignité spirituelle, l’homme doit négliger son statut de contemporain ».
Vous ne pourrez pas avoir échappé à l’œuvre de Jérémy Deller aux Invalides. Un Stonhenge gonflable en aire de jeu. Personne n’aura compris le sens réel de ce travail, « mais c’est le seul où les enfants n’ont pas râlé, j’ai aaaaaaadoré« .
Le coquillage de Marc Quinn au Jardin des Tuileries sera également sur toutes les lèvres. Imposant et sensuel, il est à l’art contemporain ce que les déesses primales et callipyges sont aux canons de beauté modernes.
Au Grand Palais, Pilar Albarracin expose ses photos. Son message pourrait se résumer ainsi : « déjà qu’on a 25% de chômage et qu’on fait des matchs nuls en foot contre la France, on ne vas peut-être pas, en plus, abuser sur les stéréotypes culturels« .
Vous pourrez également parler de Anri Sala qui représentera la France à la prochaine biennale de Venise. Mais il faut alors espérer pour vous que d’autres fans de Blended ne se trouvent pas avec vous, puisque nous vous présentions l’artiste en janvier dernier.
Côté hexagonal, également cette sculpture du Français Gilles Barbier, Soviet Supreme qui figure (chaussée de tongs) à l’entrée du stand de la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois.
Aux rayons des détournements politiques (et là, vous êtes sur que tout le monde en parlera), le Californien Paul McCarthy nous propose tout en subtilité une sodomie porcine réalisée par Georges W. Bush, le nez coupé tel un sphinx.
Si vous vous voulez vraiment vous la jouer intello germanopratin, évoquez cette œuvre de Camille Henrot. Un tendeur, deux tiges d’ananas requin, une amarante crête de coq, le tout placé dans un vase et destiné à illustrer les Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes.
En prévision, de l’expo à la fondation Cartier à Paris (14 novembre) consacrée à Yue Minjun, star du marché de l’art chinois, voici Portrait of noble scholar de 2010.
Du côté du ready made, François Curlet accole une affiche de grève de l’ORTF datant de mai 68 sur le carton d’un écran plat.