Si une région choisissait de quitter un pays de l'UE, elle pourrait, après négociations, être absorbée par la structure européenne.
Un article d'Open Europe, depuis Londres, Royaume Uni.
Lion Flamand - Vlaanderen
Comme nous en avons déjà avancé l'argument dans le passé, il y a une leçon à apprendre pour la zone euro, de tous les mouvements semi- ou complètement séparatistes de toute l'Europe. Essayer d'imposer un contrôle central sur une structure qui est de façon inhérente régionalisée, est extrêmement difficile, et essayer d'imposer une identité d'en haut vers le bas reste toujours un défi aussi grand. Dans le même temps, si une région choisissait de quitter un pays de l'UE, elle pourrait, après négociations, être absorbée par la structure européenne, ce qui aurait, à son tour un effet stabilisant sur les événements politiques tumultueux qui en résulteraient.
Ainsi, les mouvements séparatistes dans toute l’Europe montrent simultanément, à la fois la faiblesse et la force du projet européen. Cependant, ce qui est clair, c'est que l'austérité qui balaye l’Europe (austérité douteuse, alors que les dépenses publiques continuent partout d'augmenter inexorablement, NDLR) crée des tensions non seulement entre les capitales nationales et Bruxelles, mais encore entre les capitales nationales et les régions. Juste au cas où vous pensiez que la zone euro était au bord de se mettre d'accord sur une union de redistribution...
Belgique
Les Flamands sont aussi malheureux que jamais de leur union de redistribution intérieure et, le week-end dernier, les élections communales ont vu le parti nationaliste flamand modéré NVA obtenir des gains substantiels, utilisant les 16 milliards d'euros que la Flandre envoie chaque année à la région francophone comme tremplin politique. Un de ses chefs a déclaré au quotidien belge De Morgen que les objections de la NVA au "gouvernement taxeur de gauche de Di Rupo [Elio, premier ministre de la Belgique], ne sont pas très différentes des critiques d'autres pays sur les mécanismes de solidarité [de la zone euro] qui gardent Grecs et Espagnols à flot".
Espagne
En Espagne, le mouvement indépendantiste catalan monte d'un cran en chevauchant sur les mesures d'austérité imposées par Madrid (et Bruxelles). En septembre, un rassemblement pro-indépendance à Barcelone a réuni entre 600.000 et un million et demi de personnes, selon qu'on demande à la police nationale ou catalane. Le gouvernement catalan a déclaré qu'il voulait tenir un référendum sur l'indépendance, avec une majorité de Catalans en faveur, d'après certains sondages. Une motion autorisant un tel référendum a été refusée par la chambre basse espagnole et pourrait déclencher une crise constitutionnelle, si le premier ministre catalan Artur Mas fait avancer son plan en dépit de ce revers. Le premier ministre espagnol Mariano Rajoy a déclaré que tenir un référendum sans l'assentiment du gouvernement central violerait la constitution espagnole.
Italie
La Ligue du Nord appelle depuis un certain temps à la séparation du reste du pays, des régions du Nord de l'Italie. Il est possible que la principale différence entre le cas italien et les autres est le fait que l'entité géographique évoquée par "Lega Nord" (la soi-disant Padanie qui comprend toutes les régions au Nord du Po), n'a jamais existé en tant qu’État indépendant. De plus, la Lega Nord a habituellement été plus ou moins agressive dans ses réclamations pro-indépendance, selon que le parti se trouve au gouvernement ou dans l'opposition. Néanmoins, de nombreux Italiens du Nord ont le sentiment qu'une trop grosse partie des impôts qu'ils payent est ensuite utilisée pour financer les régions "dysfonctionnelles" du Sud. Potentiellement quelque chose à garder à l’œil, surtout si la Lega Nord (comme il semble probable pour le moment) reste dans l'opposition après les élections de l'an prochain.
Allemagne
Quand bien même il n'est pas question d'une Bavière indépendante pour le moment, en juin le gouvernement régional a annoncé qu'il allait déposer plainte devant la Cour constitutionnelle allemande contre le système allemand des "paiements d'égalisation" entre les États fédéraux allemands les plus riches et les plus pauvres. La Bavière est le principal contributeur net à ce système, avec 7,3 milliards d'euros, partageant le fardeau avec trois autres États, la Hesse, le Bade-Wurtemberg, et Hambourg. La rhétorique des politiciens bavarois sur la crise de la zone euro a aussi été nettement plus dure que celle des autres politiciens allemands, comme nous l'avons noté ici. Entretemps, un récent sondage de Bild a trouvé que 46% des Allemands étaient contre la partie de l'impôt sur le revenu levée pour la solidarité Ouest-Est, contre 42% qui étaient pour.
Royaume-Uni
En Écosse, le parti national écossais a gagné sa bataille pour un référendum, avec une question unique oui/non sur l'indépendance, qui doit avoir lieu en 2014. Les perspectives que l’Écosse devienne indépendante ont cependant, par contraste avec d'autres régions, été endommagées par la crise de l'euro, des comparaisons favorables avec l'Irlande et l'Islande s'étant retournées en exemples des problèmes que les petites économies rencontrent avec les industries géantes des services financiers. D'autres questions qui commencent à se poser sont de savoir si l’Écosse utilisera l'euro (popularité en baisse) ou retiendra la livre sterling, si elle restera dans l'UE ou si elle aura des contrôles aux frontières. Certains ont aussi noté, jusqu'au sein de la commission européenne, que l’Écosse devrait négocier de zéro son appartenance à l'UE, au lieu d'opter par défaut sur la base de l'accession du Royaume-Uni en 1973.
Pendant ce temps à Bruxelles...
Le président du conseil Herman Van Rompuy a présenté un rapport qui appelle à un "Trésor" central de la zone euro, avec un budget partagé et des eurobonds, très proche d'une UE de la redistribution en bonne et due forme.
À Bruxelles, la logique semble être que deux négatifs font un positif.
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