Certains évoquent le risque accru de résider loin d'une maternité et appellent au maintien des maternités de proximité, d'autres évoquent la sécurité et le risque accru d'accoucher dans une maternité de petite taille et préconisent de les fermer. Le décès, vendredi 19 octobre, d'un nouveau-né sur l'autoroute, avant l'arrivée à la maternité, dans le département du Lot, rouvre le débat sur la fermeture des petites maternités, la proximité et… la sécurité. Le plan périnatalité 2005-2007 était intitulé « humanité, proximité, sécurité, qualité». Pourtant, en France, le nombre de maternités est passé de 1.369 en 1975 à 572. Finie donc la proximité et la sécurité pour de nombreuses femmes habitant en zone rurale ?
Cependant, la fermeture des petites maternités, qu'elles soient publiques ou privées, soit une réduction de 30% en 10 ans est aussi motivée par la logique économique et technique.
Les décrets de Périnatalité mis en place en 1998 avec 3 niveaux de maternités ont accéléré la diminution du nombre des maternités de niveau 1. Ainsi, leur nombre a chuté de 47% depuis 1996, réduisant ainsi l'offre de proximité pour les accouchements issus de grossesses « normales ».
En réponse, le bilan de la Drees de février 2011 « À quelle distance de chez soi se fait-on hospitaliser ? » s'est montré rassurant avec une moitié des accouchements réalisés à moins de 17 minutes du domicile… Les séjours obstétricaux, et notamment les accouchements, sont ceux pour lesquels le temps de parcours médian est même le plus faible.
Mais les cas extrêmes sont évidemment ceux à considérer, comme le rappelle aujourd'hui ce drame de l'A20, qui impose plus largement la question des déserts médicaux. Car, seuls 24% des accouchements sont aujourd'hui réalisés dans la commune de résidence et 23% des accouchements sont réalisées à plus de 30 minutes de trajet du domicile de la mère. Si, un document de travail d'un expert de l'Insee de 2011 signale, sur la base de l'échantillon démographique de l'Insee, le faible taux de mortalité infantile des enfants de mères résidant en communes rurales, il met néanmoins en avant, sans l'expliquer, un taux de mortalité infantile plus élevé pour les accouchements ayant eu lieu dans des maternités de grandes villes, suggérant que les transferts de naissances à complications des petites maternités vers les grandes maternités pourraient expliquer ce résultat. Cependant, dans le contexte actuel, ce sont les maternités les mieux équipées qui connaissent, une augmentation leurs capacités d'accueil. Difficile de s'y retrouver.
Autre conséquence, le développement de la technicité, qui trouve son illustration avec le doublement en 20 ans, du taux de césariennes, avec 20,1 % des naissances en 2011, vs 10,9 % en 1981.
Enfin, dernière conséquence de la restructuration de l'offre et de l'éloignement du domicile, le raccourcissement spectaculaire du séjour, de 8 jours en moyenne, en 1975 à 4,6 jours dans les maternités publiques et 5,1 jours dans les maternités privées, qui a motivé une mise en garde récente de l'Académie de Médecine. Ainsi, Les sorties précoces, avant 3 jours révolus, sont de plus en plus fréquentes, représentant aujourd'hui plus de 7 % des naissances, vs 3 % des naissances de 1994 à 1997.
Il n'empêche que globalement, les jeunes mères se disaient encore satisfaites lors de l'enquête sur la Satisfaction des usagères des maternités à l'égard du suivi de grossesse (2008), mis à part un taux d'insatisfaction >7 % parmi les femmes qui n'ont pas pu s'inscrire dans la maternité de leur choix …
Sources :
Insee Première N° 903 - JUIN 2003, Document de travail Les facteurs explicatifs de la mortalité infantile en France et leur évolution récente
Drees Études et résultats - N° 754 - À quelle distance de chez soi se fait-on hospitaliser ?
Académie de médecine Rapport1, Rapport 2
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