Le jus de cranberries (ou canneberge) ne prévient pas les infections urinaires, contrairement à la croyance partagée par de nombreuses femmes, qui en prennent pour prévenir la cystite. C'est la très sérieuse Cochrane Review qui vient de casser définitivement le mythe, avec une méta-analyse des études sur l'efficacité des produits à base de jus de cranberry, comme des capsules, jus, sirops, gélules et comprimés, dans la prévention des infections des voies urinaires les plus fréquentes chez les femmes.
La cystite est une inflammation douloureuse de la vessie qui peut entraîner un besoin urgent d'uriner et des douleurs. Elle est fréquemment causée par une infection bactérienne. Les infections urinaires peuvent également affecter d'autres parties de l'appareil urinaire, dont l'urètre, les reins et de l'uretère. On estime qu'une femme sur 2 aura une infection urinaire dans sa vie et que certaines femmes ont une vulnérabilité à ce type d'infections, avec 2 ou 3 épisodes par an.
La théorie serait que le jus de cranberry contiendrait des substances qui contribuent à empêcher les bactéries, et en particulier E. coli, de se coller aux parois de l'appareil urinaire. 2 substances, en particulier, le fructose et les proanthocyanidines. Mais l'analyse de la Cochrane révèle que les données rapportées dans les études ne montrent aucune réduction dans l'incidence d'infections urinaires, par rapport au placebo, à l'eau ou rien du tout ! La Collaboration Cochrane suggère même qu'à supposer que le jus de cranberry puisse apporter un petit bénéfice, il faudrait en consommer des litres pour en voir l'efficacité thérapeutique. Bref, les auteurs rappellent les mesures de prévention « classiques » de l'infection urinaire, boire suffisamment et respecter une bonne hygiène.
Les chercheurs de la Cochrane collaboration ont procédé à un examen systématique des études ayant évalué l'efficacité des produits à base de cranberry, chez des femmes souffrant d'infections urinaires récidivantes, chez les personnes à risque accru (calculs rénaux, lésions de la moelle épinière, certaines maladies chroniques comme le diabète ou le VIH par ex.), chez les enfants et les personnes âgées. Les auteurs ont sélectionné 24 études portant sur un total de 4.473 participants et constatent, après consolidation des résultats :
Les suppléments ou produits à base de cranberry ne réduisent pas significativement le risque global d'infections urinaires (RR : 0,86, IC : 95% de 0,71 à 1,04)
Ni dans aucun des groupes suivants :
- les femmes souffrant d'infections urinaires récurrentes (RR : 0,74, IC : 95% de 0,42 à 1,31)
- les personnes âgées (R : 0,75, IC : 95% de 0,39 à 1,44),
- les femmes enceintes (RR : 1,04, IC : 95% de 0,97 à 1,17),
- les enfants avec infection urinaire récidivante (RR : 0,48, IC : 95% de 0,19 à 1,22);
- les patients atteints de cancer, les personnes présentant des anomalies de la vessie ou des lésions de la moelle épinière.
Les chercheurs concluent que le jus de cranberries ne présente pas d'avantage important dans la prévention des infections urinaires. Ils ajoutent : «Si une femme n'a que 2 infections urinaires par an, elle devrait boire du jus de cranberries 2 fois par jour pendant un an au moins pour avoir une infection urinaire de moins... ».
Source: Cochrane Database of Systematic Reviews 2012, DOI: 10.1002/14651858.CD001321.pub5 online October 17 2012Cranberries for preventing urinary tract infections (Visuel NHS)
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