L’enquête de terrain réalisée pour étayer ses propos révèle qu’APP est une entreprise irresponsable, qui communique avec force pour masquer son image négative de déforesteur en toute impunité. Une fois de plus le système de régulation professionnelle a laissé une entreprise duper l’opinion publique sans réagir. Trois ans après les engagements pris à l’issue du Grenelle par les différents acteurs de la profession (annonceurs, agences, presse), ce nouveau scandale démontre s’il en était besoin, que l’autorégulation professionnelle de la publicité ne fonctionne pas. Cela devrait interpeller les associations environnementales qui y participent. Que révèle le rapport « La vérité derrière le greenwashing d’APP » ? Selon le rapport, les coupes à blanc des forêts effectuées par APP, notamment dans l’habitat des éléphants, tigres et orangs-outangs, ainsi que les immenses impacts du changement climatiques dus au drainage des tourbières pour établir des plantations à essences rapides, sont complètement contraire à l’image environnementalement responsable que se donne l’entreprise dans sa dernière campagne médiatique.
Plus grave, à travers des analyses satellites réalisées entre juin et octobre 2011, Eyes on the Forest a découvert qu’un fournisseur d’APP, PT Ruas Utama Jaya, effectuait des coupes rases de forêts à l’intérieur du sanctuaire au tigre de Senepis. « Ceci est une preuve claire que les publicités publiées mondialement par APP affirmant que l’entreprise protège le tigre de Sumatra sont totalement exagérées », indique Anwar Purwoto responsable forêt du WWF Indonésie.Voir le rapport « La vérité derrière le greenwashing d’APP »
Publicité quart de page d'Asia Pulp & Paper, dans le quotidien national Le Monde, le 13 juillet 2011 dernier
3,5 millions d’euros d’achat publicitaire dans la presse quotidienne nationale pour masquer une sombre réalité Depuis mars 2011, APP s’est offert plus de 53 insertions (réparties sur 5 mois) dans le journal Le Monde pour un montant de 2,2 millions d’euros. Le reste du budget étant réparti dans d’autres titres comme Le Nouvel Obs (800 000 euros), Les Echos et Le Figaro. Doit-on blâmer certains titres d’avoir ouvert leurs pages à APP et d’avoir participé à leur insu à une opération de greenwashing massive ? Peut-être. Mais le problème essentiel est sans doute l’incapacité de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) a réguler les prises de parole des entreprises sur les sujets environnementaux.
Publicité pleine page d'Asia Pulp & Paper, dans l'hebdomadaire Le Nouvel Obs', le 6 octobre 2011 dernier
Aux Pays-Bas, les publicités d’APP ont été jugées trompeuses pour le public par la commission sur la publicité du pays. « Il y a six ans, l’Alliance de la Planète démontrait l’incapacité du Bureau de Vérification de la Publicité à éviter l’utilisation fallacieuse de l’argument écologique en publicité. Entre temps, un grenelle et des engagements ont accouché d’une nouvelle recommandation développement durable de qualité mais aussi d’une réforme marginale du système qui montre définitivement son inefficacité. La future présidentielle sera l’occasion d’essayer enfin de mettre un système de régulation à la hauteur des enjeux » indique Jacques-Olivier Barthes, porte-parole de L’OIP.Source : L’observatoire de la publicité