Un homme d'affaires raciste se retrouve poursuivi par des nazis dans la France occupée. Dans un hospice, un homme fait revivre leur enfance à des vieillards. Pour recréer un monde issu de son imagination, un jeune garçon utilise de mystérieux pouvoirs. Un homme fait d'étranges cauchemars quand il prend l'avion…
Tucker : Il est toujours plaisant de se plonger dans un film sentant bon les années 80, période où le cinéma fantastique était bien souvent synonyme de bon moment, sans prise de tête et sans fioritures. Adaptant la série éponyme sous forme de film à sketches (chaque sketch étant réalisé par un grand nom de l’époque) c’est en partie le cas pour La Quatrième dimension, en partie seulement… Car après une intro fun et punchy, laissant présager du meilleur, le soufflé retombe d’emblée avec le premier segment d’un John Landis aux abonnés absent, qui ne réitère absolument pas le coup de son Loup-garou de Londres. Sa folie habituelle n’étant pas au rendez-vous, il nous livre un essai "engagé" plutôt bancal, grossier même, sans saveurs… Le deuxième épisode, de Spielberg, est lui, de meilleure facture, même s’il faut bien reconnaître que son côté tire-larme et mielleux puisse énerver. À noter que l'on retrouvera les mêmes thèmes, à quelque chose près, dans le Cocoon de Ron Howard quelques années plus tard. Les hostilités commencent réellement avec Joe Dante et sa "BD" grandeur nature, délirante (et sous acide) où les idées les plus folles sont permises, grâce notamment au génie de Rob Bottin et ses créatures hors du commun : un condensé de n’importe-quoi bien foutraque, mais bien jouissif aussi (et mon segment préféré par ailleurs). Le film conclut enfin, sur une bonne note également avec l’épisode le plus flippant, un huis-clos en altitude très glauque et déstabilisant, signé George Miller. Un final en grande pompe donc, après une entrée dans cette quatrième dimension, sur la pointe des pieds… 3/5
Redrum : Sur le papier, difficile de faire plus alléchant que La Quatrième dimension, adaptation de la série TV éponyme réalisée à huit mains, et pas n’importe lesquelles : Steven Spielberg, John Landis, Joe Dante et George Miller, excusez du peu. Sauf que le ciné, c’est comme une équipe de foot : t’as beau avoir les plus grandes stars, le match est pas pour autant gagné d’avance. Et cette Quatrième dimension en est la preuve, les quatre segments du film alternant grosso modo entre le fade et l’indigeste. Le premier sketch, signé Landis, se laisse regarder sans pour autant séduire. Le traitement burlesque de cette fable sur le racisme s’avère tout aussi raté que complaisant. Une déception. Vient ensuite le sketch réalisé par Spielberg, assurément le plus mauvais des quatre. Regarder ces petits vieux retomber en enfance est un véritable supplice, malgré la présence appréciable de Scatman Crothers(l’homme qui a le Shining !). À oublier ! Les deux derniers épisodes sont à peine plus digestes. Joe Dante nous conte lui aussi une histoire pénible à suivre, mêlant univers enfantin et dessins-animés. Quelques créatures un brin dégueulasse sauvent la mise mais ça reste bien mou du genou. Enfin, George Miller parvient à réaliser le sketch le plus terrifiant des quatre (toutes proportions gardées) avec l’histoire d’un homme qui a la phobie de l’avion. La tension mise en place en début d’épisode s’estompe hélas rapidement. La Quatrième dimension est donc un film parfaitement dispensable, aucun segment ne parvenant à transcender l’œuvre d’origine. Devant une telle médiocrité de la part de réalisateurs mythiques, on se demande même si ce n’est pas nous qui avons été projetés dans une dimension parallèle… 1,5/5
Judex : Présenté hors compétition au Festival d'Avoriaz en 1984, La Quatrième dimension apparaissait comme LE film à ne pas manquer cette année-là. Héritier de la série culte initiée par Rod Sterling, réunissant sous un même projet quatre cinéastes parmi les plus cotés du début des années 80 : les gamins fantasticophiles de cet âge d'or ne pouvaient rêver mieux ! D’ailleurs, les principales revues de l'époque ont parfaitement saisi la nature phantasmatique du projet en concoctant des dossiers "maousses" qui font encore tourner la tête des historiens cinéphiles ! Il serait pourtant hasardeux de limiter ce film étendard à un simple réflexe nostalgique (mais quand même : le score monumental de Jerry Goldmith et les créatures quasi gremlinesques de Rob Bottin et Craig Reardon constituent des arguments béton). Car revoir le film aujourd'hui, c'est contempler un condensé des obsessions stylistiques des auteurs à cette époque. John Landis mixait joyeusement le "canular horrifique" (sous forme de gimmick dans la formidable introduction et sous forme de récit allégorique pour le premier sketch) dans la droite lignée de ses grands succès de l'époque ; Spielberg évoquait (maladroitement dans ce cas) avec sa candeur habituelle la capacité d'évasion et d'émerveillement du spectateur par un retour à l'innocence ; Joe Dante définissait sa filmographie future à base d'expressionisme cartoonesque, de zapping télévisuel et d'hommage à sa culture du "drive-in" ; et George Miller affichait son génie de la mise en scène et du découpage minutieux avec des travelings et des cadrages aussi iconiques que dans Mad Max 2. 4/5
Genre : Science-fiction / Fantastique
Réalisateur : John Landis, Steven Spielberg, Joe Dante, George Miller
Acteurs : Dan Aykroyd, Albert Brooks, Vic Morrow, Scatman Crothers, Kathleen Quinlan, Jeremy Litch, Kevin McCarthy, John Lithgow…
Durée : 1h41
Année de production : 1983 (États-Unis)