J'ai une amie virtuelle, si une amie quand même, qui vit un deuil. Non, LE deuil.
Perdre son père. En écrivant ces mots, je sens le boule familière de l'angoisse qui se réveille, je la lis sur son blog, j'ai envie de la serrer dans mes bras dans ces moments-là mais je ne peux rien dire. Je suis terrorisée.
Perdre mon papa, je n'arrive même pas à l'envisager. Je n'en ai jamais parlé, à personne. Je n'arrive pas à prononcer ces mots affreux et pourtant cette peur là, elle s'invite depuis mon plus jeune âge je crois.
Enfant, je ne me souviens pas avoir eu peur du noir, mais je me rappelle clairement avoir eu du mal à respirer quand j'ai compris que nous n'étions pas immortels, qu'un jour mes parents allaient disparaitre. Oh, bien sûre mourir moi-même n'est pas la pensée la plus fun que je puisse avoir, mais m'imaginer vivre sans lui, c'est simple j'y arrive pas...
Et puis, je me souviens de ce cours de philo où mon prof nous a fait un monologue à ce sujet. Les mots sont inscrits dans ma mémoire depuis presque 20 ans maintenant...
La perte des parents est selon-lui, le moment le plus difficile à vivre dans sa vie. On ne devient adulte qu'en cessant d'être un enfant et quand le parent disparait, nous restons le fils ou la fille de cette personne sur le papier, dans nos coeurs mais dans le quotidien, nous ne serons plus jamais l'enfant de quelqu'un.
Il parait qu'en plus de faire le deuil de ce parent disparu, il faut aussi faire le deuil de cet amour inconditionnel. Plus jamais personne ne nous aimera à la manière d'un père ou d'une mère, sans condition, quoi qu'il advienne, quoi que l'on fasse l'amour d'un parent est irrationnel. Mon père et ma mère m'aime pour toujours, sans filet et quand ils seront partis, il n'y aura plus tout cet amour.
A 17 ans, ça m'avait pas mal perturbé.
Mon père est l'homme le plus gentil et droit que j'ai rencontré, il m'a tout appris, m'apprend encore plein de choses et j'aime ces moments délicieux que nous passons ensemble, en famille ou luxe suprême juste lui et moi.
Alors je fais ce qu'il m'a appris, je profite de lui, dès que je peux. Je me fabrique mes souvenirs comme il dit, parce qu'il parait que ça aide "après". Mon père à perdu son père à l'âge que j'ai actuellement et il en parle souvent de mon grand-père, il est toujours là grâce à lui, à moi qui en parle à mon fils qui n'a pas eu la chance de le connaître, mon grand-père continue de vivre dans nos coeurs, je suis là parce qu'il a été là.
Mon père a subit une lourde opération en ce début de septembre, il avait la hanche abimée et ne pouvait pratiquement plus marcher. Alors fin août, j'ai abandonné mon mari et avec mon fils sous le bras nous sommes allés profiter de lui, il fallait que je sois là, avant. Ce n'était qu'une prothèse de hanche mais les anesthésies générales me font flipper tant pour moi que pour les autres.
Ma belle-mère m'a téléphoné ce jour-là trop tôt pour me donner des nouvelles de la fin de l'opération, quand j'ai attrapé le téléphone et que j'ai vu son numéro s'afficher, je n'ai pas pu décrocher, j'étais littéralement tétanisée et si?...
Il a fallut que je respire quelques minutes avant de recomposer son numéro, et de lui demander ce qu'il se passait, je lui ai demandé de ne pas m'appeler pour rien avant la fin de l'opération, elle a compris mes frayeurs. Mon père s'est réveillé et m'a appelé lui-même un peu dans le brouillard, mais il allait bien et moi, j'aimerais soit reparti pour 50 ans...
Lui et moi...