Pour l'immense majorité des consommateurs qui peinent à suivre leurs dépenses, cela constitue déjà une avancée considérable. Mais, comme le rappelle Yann Ranchère ("Tekfin") dans un article récent, ces mêmes personnes n'ont souvent pas les connaissances de base d'une gestion de compte avisée et la plupart des outils actuels ne les aident en rien à combler cette lacune.
C'est là une opportunité que les fournisseurs de solutions de PFM doivent impérativement saisir, s'ils veulent continuer à séduire leurs utilisateurs. A défaut, ceux-ci risquent en effet de se lasser rapidement de voir leur situation financière continuer à se dégrader, en dépit des efforts qu'ils consacrent à respecter un budget soigneusement élaboré. Pour ce faire, les produits devraient offrir des conseils pratiques (et objectifs, naturellement), composés en fonction des données accumulées. D'un point de vue technique, une telle ambition semble largement accessible.
Dans un domaine spécialisé, la startup ReadyForZero représente une parfaite illustration de la direction que pourrait prendre ce PFM du futur. Son idée est née d'un constat : les consommateurs américains utilisent une multitude de cartes de crédit, sur lesquelles ils accumulent les dettes sans chercher (en général) à optimiser leurs paiements pour réduire les intérêts dûs. Le service propose donc de rassembler automatiquement les informations sur tous les comptes détenus, à partir desquelles des recommandations de remboursement peuvent être émises.
Cerise sur le gâteau, la dernière nouveauté introduite avec "ReadyForZero Plus" permet désormais d'exécuter les ordres de virement directement depuis le site. Il devient alors possible, en quelques clics de souris, par exemple, d'être notifié de l'arrivée d'un dépôt exceptionnel sur un compte courant, le message étant accompagné d'une recommandation de transférer une partie de la somme reçue vers une carte de crédit, et de réaliser immédiatement la transaction correspondante.
Le cycle est complet et entièrement intégré : depuis la collecte des données, en passant par l'analyse et la recommandation personnalisée, jusqu'à l'exécution finale de l'opération qui fera économiser quelques frais faciles à éviter. Il s'agit exactement, dans un périmètre restreint, de ce que devrait être la gestion de finances personnelles à l'ère de l'automatisation.
Accessoirement, ReadyForZero estime que ses utilisateurs sont prêts à payer (4,95 $ par mois) pour son option "Plus". Si cette hypothèse se vérifie, elle pourrait esquisser un nouveau modèle pour les outils de PFM aujourd'hui gratuits.
S'ils étaient consultés, les consommateurs considéreraient très certainement que ce type de service devrait leur être fourni par les banques. Pour celles, de plus en plus nombreuses, qui promettent transparence et mise en avant des intérêts du client, une telle approche, probablement déclinable dans d'autres domaines que la carte de crédit, pourrait constituer un pas dans la bonne direction. Peut-être même pourrait-il être envisagé des cas où l'automatisation totale (sans aucune intervention humaine) serait judicieuse.
Encore faudra-t-il, pour des conseils réellement pertinents, qu'elles acceptent d'agréger les données issues de multiples comptes, y compris d'établissements tiers. En attendant, les acteurs indépendants peuvent tenter de prendre l'avantage...