Pierre QUILLARD : L’automne a dénudé les glèbes et le soir

Par Unpeudetao

L’automne a dénudé les glèbes et le soir.
Un soir d’exil et de mains désunies,
S’approche à l’horizon des plaines infinies,
   Roi dévêtu de pourpre et spolié d’espoir.

Ô marcheur aux pieds nus et las qui viens t’assoir
Sans compagnon, parmi les landes défleuries,
Près des eaux mornes, quelles mêmes agonies
   Alourdissent ton front vers ce triste miroir ?

Je le sais, tout se meurt dans ton âme d’automne.
Laisse la nuit prendre les fleurs qu’elle moissonne
   Et l’amour défaillant d’un cœur ensanglanté,

Pour qu’après le sommeil et les ombres fidèles
Les clairons triomphaux de l’aube et de l’été
   Fassent surgir enfin les roses immortelles.

Pierre QUILLARD (1864-1912).

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