Quand dévot, vers le ciel, j’ose lever les yeux,
Mon cœur ravi s’émeut, et, confus, s’émerveille.
Comment, dis-je à part moi, cette œuvre non pareille
Est-elle perceptible à l’esprit curieux ?
Cet astre, âme du monde, œil unique des cieux,
Qui travaille en repos et jamais ne sommeille,
Père immense du jour, dont la clarté vermeille
Produit, nourrit, recrée, et maintient ces bas lieux.
Comment t’éblouis-tu d’une flamme mortelle,
Qui du soleil vivant n’est pas une étincelle,
Et qui n’est devant lui sinon qu’obscurité ?
Mais si de voir plus outre aux mortels est loisible,
Crois bien, tu comprendras même l’infinité,
Et les yeux de la foi te la rendront visible.
Mathurin RÉGNIER (1573-1613).
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