Quand j’étais gamin, j’adorais les bagnoles. Mon passe temps préféré était de casser les oreilles à mon père en énonçant la marque de chaque voiture croisée sur la route. En ce temps-là, Porsche, Ferrari et autres Corvettes existaient déjà, mais ce qui me faisait rêver, moi, c’était la Lamborghini Countach. Hors-norme, excessive, voire complètement grotesque, affublée d’ailerons et prises d’air en tout genre, surpuissante mais fragile: l’objet inutile par excellence, et donc parfaitement indispensable, du moins dans mes rêves. En plus, elle était née sous le signe du Taureau, comme moi. Dessinée par Marcelo Gandini en 1971 et produite jusqu’en 1990, on n’a depuis jamais fait mieux en termes d’OVNI homologué (ou ORNI, devrais-je écrire). Même le nom, Countach, semble exotique (il s’agit en fait d’une expression piémontaise signifiant fabuleux, ou surprenant). En ce temps-là, le design d’une automobile n’était pas dicté par le marketing, la comptabilité ou les normes légales. Quarante et un ans plus tard, la Countach fait encore tourner toutes les têtes quand elle passe dans la rue, et parfois j’en rêve encore. Voici l’histoire de l’américain James Chen, qui est lui allé jusqu’au bout.