Chris Isaak en direct de mon lit

Publié le 21 octobre 2012 par Teazine

Gros chagrin. Le dimanche 14 octobre, il y a Chris Isaak qui joue à Bruxelles. Mais c'est trop cher, et puis c'est complet. Ce soir-là, je le passe chez moi avec mes pâtes au pesto pendant que Chris et sa gomina sont à quelques kilomètres de là. Et puis merde, je vais quand même me le faire, ce concert. Même que Chris Isaak jouera en direct de mon lit, rien que pour moi. 
Pour se faire, je m'organise comme une chef. Un tour sur setlist.fm pour savoir quels morceaux il joue sur sa tournée. Ensuite, je cherche des vidéos live sur Youtube et en fait une playlist. Reste à éteindre les lumières, m'installer confortablement sur mon matelas, et, pour faire un peu plus authentique, m'ouvrir une petite bière. Pas besoin d'attendre vingt ans debout dans une salle comble, je clique, et Chris Isaak est à moi.
D'emblée, je regrette sa jeunesse. Ce n'est plus le beau gosse des débuts, cinquante six ans, c'est un peu vieux en fait. Pour me consoler un peu, et puis parce que c'est moi la chef, je décide que sa tenue de scène, ce soir en direct de mon T1, c'est un magnifique complet rouge avec des gentianes brodées, trop beau.
Il fait un début de gros cow boy, j'aime pas trop. Mais après "Blue Hotel", ça va beaucoup mieux. Et puis en fait, il est pas si mal conservé que ça, tant au niveau de la voix que du physique. Bon, j'ai quand même pas mal de difficultés à me concentrer sur le live et je commence en même temps une partie de Dr Mario sur le côté droit de l'écran de mon ordinateur. C'est mal. Heureusement, l'ambiance se réchauffe un peu, le Chris fait des petits mouvements de hanche et je perds ma partie. Retour à Youtube en plein écran. C'est le moment de sortir une nouvelle bière. C'est bien, y a pas une queue monstre et le demi est à prix abordable, dans mon frigo.
Et puis je triche, parce que bon, c'est moi qui décide. Je passe quelques chansons pour arriver directement à ma préférée, même que je la passe deux fois, bam. Gros sentiment de toute puissance. "Wicked Game" me donne de gros frissons. C'est vraiment une des plus belles chansons d'amour qui soient. Ça me fait penser qu'au collège, un garçon m'avait envoyé le mp3 sur MSN en me balançant un joli "lol la chanson mdr". Et si c'était un message caché en fait ? Oh merde, peut être que cela aurait bouleversé ma vie.
Le reste du concert est une série de reprises, puisque son dernier album, Beyond The Sun, est une collection de covers d'artistes de Sun Records (Elvis, Johnny Cash, Jerry Lee Lewis et compagnie). C'est plutôt sympa. Mais je commence à me rendre compte que j'ai l'air un peu débile, à me croire à un vrai concert, alors que je suis seule toute chez moi. Les limites de l'expérience se font sentir. Pour le rappel, je me fais plaisir et décide de façon totalement arbitraire ce que Chris Isaak va jouer : les deux chansons qui sont dans Blue Velvet, de David Lynch, et encore "Wicked Game", mais cette fois-ci en version clip, pour le voir se rouler dans le sable avec le mannequin Helena Christensen, graou graou. C'était un super rappel, un bon concert, je suis contente de ma soirée. Si ça se trouve, c'était moins bien en vrai.