Découvert et produit par Laurent Ruquier, ce jeune imitateur de 27 ans doté d'une voix caméléon véritablement sensationnelle propose, jusqu'en janvier au Bataclan, son second spectacle intitulé "Michaël Gregorio en concert(s)". L'artiste nous a bluffés, la représentation un peu moins.
L'art de l'imitation est terriblement compliqué à offrir à un public 90 minutes durant. L'effet de surprise rapidement émoussé, il faut en effet tenir au moins un sketch entier avec une voix. Nombreux sont ceux qui, faute de textes à la hauteur, s'y sont cassés les dents, car la revue d'actualité potache et indigeste façon "Les Deux Anes" n'est jamais bien loin... La chance de Michaël Gregorio réside dans le fait qu'en plus de posséder ce talent d'imitateur, il se révèle un chanteur exceptionnel, sa tessiture lui permettant d'aborder un répertoire des plus larges. Aussi les chansons des plus grands artistes de variétés constituent-elles 90% du show, évitant heureusement l'écueil que nous venons d'évoquer.
Intelligemment conçu, le spectacle joue sur les oppositions, les décalages, et les séquences sont variées. Le virtuose des cordes vocales pose des paroles de rap sur des airs d'opéra, fait chanter la Compagnie Créole à la nouvelle scène française (Raphael, Delerm...), donne à entendre au cours d'un même morceau ses différents interprètes, crée des trios inédits (joli moment que cette association Ray Charles-Billie Holiday-Louis Armstrong), rend hommage aux grands (Brel, Piaf, Jackson...). Plaisant et amusant. Semblant pourtant bien frêle, Michaël Gregorio tient remarquablement la scène du début à la fin, avec une énergie folle, et fait subir à sa voix les variations les plus extrêmes, allant jusqu'à imiter une guitare électrique (larsen compris !). Ajoutons que les moyens sont là. L'ensemble est soigneusement produit. Quatre musiciens assurent un accompagnement musical live de qualité. Ca joue !
Restent les 10% de cette soirée dont nous n'avons encore parlé et qui nous ont un peu gâché le plaisir d'écouter le jeune homme. A savoir l'humour pratiqué lors des transitions et quelques parodies. Très, mais vraiment TRES popu... Facile, pour ne pas dire ras des pâquerettes. Visiblement, une grande partie du public adhère et s'en contente. Nous fûmes pour notre part assez attérés... Même les auteurs de télévision font bien mieux. Dommage.
Malgré ce bémol (sérieux), Michaël Gregorio est un artiste à découvrir.