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Dans la peau d'un tueur...
L’auteur :
Après avoir vécu les sept premières années de sa vie au Sénégal, Marc Dugain revient en France avec ses parents. Il intègre quelque temps plus tard l'Institut d'études politiques de Grenoble, où il étudie les sciences politiques et la finance, avant de prendre la tête d'une compagnie d'aviation. Mais l'écriture l'a toujours démangé. Aussi, il se décide à prendre la plume, et signe 'La Chambre des officiers' en 1998. Ce premier roman reçoit près de vingt prix littéraires et est adapté au cinéma. Il sort ensuite 'Campagne anglaise', 'Heureux comme dieu en France', 'La Malédiction d'Edgar' et plus récemment 'Une exécution ordinaire' (2007), et se constitue peu à peu un lectorat fidèle. Friand d'horizons lointains, Marc Dugain vit au Maroc depuis 2001. (Source : Evene)
L’histoire :
Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas près de 2,20 mètres et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l'habite. Inspiré d'un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d'un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s'illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam. (Quatrième de couverture)
Ce que j’ai aimé :
La construction millimétrée du roman laisse planer le doute et crée un effet d'attente ambivalente : le grand talent de Marc Dugain est de parvenir à créer chez le lecteur de l'empathie pour cet homme maltraité, mal aimé. Est-il en prison, va-t-il en sortir ? Va-t-il y retourner ? Pourquoi ? Ses contradictions, ses pulsions, ses maigres bonheurs s'inscrivent tellement dans une logique implacable que l'issue du roman devient peu à peu inéluctable. Mais qui est responsable réellement de cet état de fait ?
Inspiré d'un personnage réel, le portrait de Al Kenner est brillant d'exactitude et cette plongée au coeur de l'esprit d'un tueur est glaçante. Le mal était-il en lui dés sa naissance comme le pense sa mère ou son enfance, l'abandon de son père, la froideur et dureté de sa mère sont-ils à l'origine de son manque d'empathie et de sa propension à tuer ? L'auteur ne répond pas à ces questions mais offre au lecteur la possibilité de s'ouvrir vers une réflexion large et féconde sur ces tueurs à la personnalité complexe.
Edmund Kemper,2,10 m pour 130 kg, est aujourd'hui enfermé à vie dans la prison d'État de Folsom, en Californie (ici, en 1973). Crédits photo : Corbis/© Bettmann/CORBIS
Ce que j’ai moins aimé :
Malheureusement, quelques longueurs se font sentir, d'autant plus que le style plat (sujet verbe complement) ne porte pas toujours suffisamment le sujet…
Premières phrases :
« Comme chaque mois, elle lui fait face après s’être installée lourdement sur sa chaise. Elle sort les livres de son sac, une dizaine. Pour la plupart ils ont une couverture cartonnée. Il y jette un coup d’œil rapide, et les pose devant lui. »
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Du même auteur : La chambre des officiers
D’autres avis :
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Avenue des géants, Marc DUGAIN, Gallimard, avril 2012, 360 p., 21.50 euros