Cerrone en Interview

Publié le 20 octobre 2012 par Lemediateaseur @Lemediateaseur

Marc Cerrone, j’avais déjà eu le plaisir de l’interviewer en 2010 (entretien à lire ou relire ici) mais par téléphone.

Autant vous dire que l’avoir en face de moi, c’est une autre histoire, Cerrone, ce n’est pas n’importe qui, et beaucoup peuvent jalouser sa carrière.

Et pourtant, Cerrone est aussi impressionnant que sympathique et vous met à l’aise immédiatement. C’est dans ses bureaux de Malligator productions que nous nous sommes rencontrés pour parler du double album Addict qui sort ce lundi dans les bacs.

Un long entretien, certes, mais que j’espère, vous prendrez plaisir à lire car il est très intéressant. Bonne lecture.

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Bonjour Marc,

On se rencontre quelques jours avant la parution de votre nouvel album Addict, dans quel état d’esprit êtes-vous avant une sortie ?

Oh, si vous m’aviez posé la question il y a une 30 aine d’année je n’aurais surement pas eu la même réponse, aujourd’hui ça ne me fait rien de plus que ça. J’ai passé 37 ans de ma carrière et il y a bien longtemps que je n’ai pas été plus motivé que ça pour une sortie de disque. Je fais surtout les disques pour avoir des contenus pour la scène car c’est la scène qui m’a tenu. Je ne suis pas du tout excité à savoir si je vais faire un top ten ou passer sur NRJ, je m’en contrefous.

Vous pouvez nous dire 2 mots sur le concept de ce double album ?

Il y a 10 titres originaux et 2 inédits (dont Good Times I’m in love dont nous vous proposions le clip ici NDLR) qui ont la particularité d’avoir été enregistrés comme à l’époque, c’est à dire avec des cuivres, des cordes, des vrais guitaristes etc, le côté acoustique et pas computer était important pour moi.  Et le 2ème CD ce sont les mêmes titres dans le même ordre sauf qu’on a pris les plus grands DJ du moment, du moins que moi je considère comme tel. Et ça sort aussi en vinyle et ça j’en suis tr ès content.

Pour Good Times, le 1er extrait de cet album vous êtes accompagné d’Adjäna, comment se sont passé la rencontre et la collaboration ?

C’est une artiste d’un ami qu’il a voulu que je rencontre. C’est un ami, donc je l’ai rencontrée. Elle m’a fait écouter ces titres, c’est une vraie compositrice et auteure donc il y a une vraie base artistique. Donc je me suis dit je vais lui faire écouter, j’enregistrais Good Time donc je lui ai fait écouter et elle a adoré. Je lui ai demandé « comment tu ferais pour poser ta voix ? », je lui ai laissé une copie, et elle est revenue 2 jours après me la chanter.  Du coup on en a fait un 2ème car c’est elle qui m’accompagne sur les 2 inédits alors que les voix étaient déjà posées. Je l’ai invité a venir chanter au Festival de Jazz de Montreux l’été dernier et c’était magnifique, c’est une vraie artiste.

Vous êtes toujours accompagné de talent et de belles voix, avez-vous un secret pour les dénicher ?

Non mais il y a tellement de bons chanteurs aujourd’hui. La musique, elle, elle n’a pas évoluée, par contre la production grâce aux DJ est devenue très pointue et les interprètes sont vraiment meilleurs. C’est plus facile aujourd’hui car mes débuts. Ou alors la chanteuse était déjà connue, ou c’était difficile. Aujourd’hui trouver des bonnes voix, il y en a plein, même si certains n’ont que ça, ils ne sont pas habités par la passion, le tout est de choisir la bonne.

Les 10 titres présents sur ce best-of sont les préférés de votre carrière ?

En fonction aussi des DJ. Vous savez parfois vous appelez un DJ en lui demandant de remixer tel titre et il vous dit moi je veux bien mais je veux tel titre. Sans Armand Van Helden je n’aurais pas pensé à ma chanson Je suis music. Pour un artiste, répondre à son morceau préféré c’est impossible car c’est comme si j’avais tous mes enfants autour de moi et que je dise je préfère l’ainé. Mais les titres de cet album Addict font partis de mes favoris oui.

Pour l’album de remixes, c’est vous qui êtes allez chercher les DJ où certains sont venus vers vous ?

Certains viennent me voir, j’en ai démarché certains. Bob Sinclar est venu par exemple. David Morales je l’ai appelé et il m’a dit « j’attendais ça depuis longtemps je pensais être trop vieux ». J’ai les portes assez ouvertes et les DJ sont très reconnaissant de leur avoir ouvert la voix. Ils me disent qu’ils me doivent beaucoup mais je leur en dois autant car c’est eux qui m’ont porté durant ces dernières 10/12 ans.

A l’occasion d’un best-of j’imagine qu’on se plonge un peu dans sa carrière. Avec un peu de recul que pensez-vous de votre parcours ?

Déjà c’est incroyable, en tant que batteur, je me dit tient je ne me suis pas trop mal débrouillé. Ce qui me touche énormément c’est qu’à chaque fois que je monte sur scène il y a de l’ambiance et c’est plein. 9a je ne sais pas comment j’ai fait mais c’est un vrai cadeau. Je ne me suis jamais pris la tête si j’ose dire parce que j’avais fait un numéro 1 ou un triple disque d’or. Par contre il m’est arrivé des fois de me la péter, je dois le dire, quand on fait des gros concerts comme au Japon avec 150 000 personnes. Ca le fait toujours. Pour être clair, je suis un musicien et j’ai fait ma carrière comme tel. Je n’ai pas tenté de me mettre à chanter comme certains DJ. Cerrone il existe par la scène.

Est-ce qu’il y a une patte Cerrone ? Si oui comment la définiriez-vous ?

Je ne peux pas la définir car pour moi elle est naturelle et non calculée. Mais pour essayer de répondre à votre question, en fonction de ce qu’on m’a déjà dit, ce serait ce beat, les grosses orchestrations très funk et travaillées et puis des voix qui ne vieillissent pas. Je ne peux pas dire sans prétention que ça n’a pas pris une ride, mais ça ne sonne pas vieux, je ne l’ai pas fait exprès mais voilà.  Et puis c’est festif. Quand j’ai des 10 aines de milliers de gens qui viennent me voir sur scène, souvent je suis complexé j’ai l’impression de faire un hold-up, et puis après 1 ou 2 chansons on est dans l’ambiance et c’est parti. Je prends le temps de discuter avec eux, on fait la fête.

Vous parlez de hold-up, vous ne vous sentez pas légitime sur scène ?

Je me souvient surtout à Versailles ça m’a fait ça. 100 000 personnes, on s’attendait à 10 / 12000 et pour moi ça aurait été un carton. Là 100 000, je suis arrivé en retard car je n’y arrivais pas. Je ne vais pas me mettre en tutu et je ne chante pas, je vais aller me cacher derrière une batterie. La majorité des gens connaissaient tous les morceaux et là c’est une récompense qui va droit au cœur. Croyez-moi, bien plus  que de recevoir un disque d’or.

Avec les 2 inédits sur le best-of, est-ce que cela vous a donné envie de retravailler sur un prochain album d’inédits ?

Non pas pour l’instant. Ces 2 titres ont vraiment été longs à faire, pas du matin au soir tous les jours mais ils m’ont pris beaucoup de temps. Je suis surtout excité de remonter sur scène, on a une tournée qui se prépare pour le printemps/été 2013 avec Nile Rodgers et Mark Ronson.

Avec vos tournées vous avez joué un peu partout dans le monde, est-ce qu’il reste des endroits dans lesquels vous aimeriez vous produire ?

Des salles aux Etats-Unis. Ici je n’ai pas fait le Stade de France, je me suis fait Versailles donc bon. Je pense qu’en Europe j’ai fait le tour, mais aux Etats-Unis il y a des salles intéressantes et c’est possible qu’on s’y produise avec le Freak Out Tour. Ma vie n’est pas finie.

En effet, nous souhaitons encore un long parcours à Cerrone et nous le remercions pour son temps et sa simplicité. Le double-ablum Addict sera dans les bacs dès lundi.