Cheever était principalement auteur de nouvelles , probablement l'un des meilleurs d'Amérique avec Carver et Updike. On le dépeignait comme le Tchekhov des banlieues.
Cheever était le fils d'un vendeur de souliers raté et alcoolique et d'une mère tenanicière de boutique de cadeaux cheaps. Très jeune, il a compris le complexe d'infériorité et les ambitions noyées dans l'Amérique d'après-guerre. Il pouvait être très drôle à propos de l'ennui dévastateur des banlieues composées de gens stupides, déprimants et sans imagination mais il était beaucoup plus qu'un simple critique de l'abrutissante vie des faubourgs. John Updike dira de lui que bien des gens ont écrit sur la banlieue mais lui seul, à réussi à en faire un archétype vraisemblable.
Cheever avait adroitement saisi les bouillantes envies de la classe moyenne américaine et ses observations sont encore, à ce jour, très justes. Dans The Housebreaker of Shady Hill, un homme rongé par la jalousie, se glisse dans la nuit dans la chambre du couple voisin afin de subtiliser de l'argent à même le portefeuille du couple endormi.
Il est aussi excellent raconteur. Dans The Swimmer (adapté en film en 1966) il ouvre son livre avec la ligne : "C'était l'un de ses dimanche après-midi d'été où vous vous asseyez en vous disant "J'ai vraiment trop bu hier soir".
Les personnages de Cheever, comme lui, sont souvent envahis par des secrets lourds à porter. La banlieue est toujours en faux-semblant. Cheever peignait cette réalité admirablement.
Cheever était capable de beaucoup d'humour et d'autodérision. Il se disait lui-même un simple plouc, plutôt chanceux. Falconer, Bullet Park et la série des Wapshot ont été ses efforts les plus salués mais là encore, Cheever considérait que ses autopsies de la désintégration de l'homme d'affaires dans la quarantaine ne valait en rien le génie de son ami Saul Bellow. Complexe d'infériorité...jamais très loin.
Ceci ne l'a pas empêché de se mériter la médaille nationale de l'American Academy of Arts and Letters. Plusieurs de ses nouvelles tentend de donner un sens à sa propre vie et à soigner ses défauts tout en vivant dans l'impossible simplicité.
Bien qu'il était capable de fairer resortir le plus laid de l'homme, il était aussi un homme d'une très grande humanité.
En Juin cette année, le jour d'anniversaire de mon père, marquait le 30ème anniversaire de la mort du grand Jonh Cheever. Il avait 70 ans.
*Il n'a écrit que 5 romans: The Wapshot Chronicles (1957), The Wapshot Scandal (1964), Bullet Park (1969), Falconer (1977) et Oh What a Paradise it Seems (1982)