Même si vous ne l'avez jamais lu, vous ne pouvez être passés à côté du travail de Jean-Louis Fournier. A la télévision, il mit en images "La Minute Nécessaire de Monsieur Cyclopède" du regretté Pierre Desproges, inventa La Noiraude et Antivol (la génération Casimir saura de quoi nous parlons). Plus récemment il créa quelques programmes courts assez réjouissants inspirés de ses écrits. Et peut-être gardez-vous comme nous un souvenir ému de Catherine Frot en femme du monde enseignant les bonnes manières dans "Je vais t'apprendre la politesse p'tit con".
Heureux de sa première expérience théâtrale l'an passé ("Tout enfant abandonné sera détruit"), il récidive et nous donne à entendre son "Dernier cheveux noir", ouvrage publié en 2006 dont il commença la rédaction après s'être vu proposé une carte Senior par la SNCF et une teinture par son coiffeur... Sous le regard d'Anne Bourgeois qui a habilement et simplement séquencé ce récit pour la scène, il délivre pensées, aphorismes, fables et poèmes sur la vieillesse, le temps qui passe, la mort... Employant le ton que nous lui connaissons. Avec un flegme copieusement saupoudré d'espièglerie, il se saisit des sujets les plus graves et nous les rend légers, franchement drôles. Sa peinture du troisième âge qu'il fut contraint de rejoindre il y a quelques temps se révèle débordante d'autodérision, tendrement corrosive, et ses traits d'esprit sacrément efficaces.
"On s'aperçoit qu'on est vieux quand même bronzé on reste moche."
"On s'aperçoit qu'on est vieux lorsqu'au théâtre on dit à son voisin : les comédiens parlent de moins en moins fort !"
Jean-Louis Fournier n'est pas acteur. Ne cherche pas à l'être. Il dit son texte sobrement, sans effet maladroit, et, malgré le trac, se délecte de ce face à face avec le public. Son oeil pétille d'intelligence, de la gourmandise des mots et de la vie. En vous rendant au Rond-Point, vous n'assisterez certes pas à un spectacle inoubliable, mais à un moment de partage drôlatique et plein d'esprit autour d'un sujet habituellement peu réservé à la "poilade".
Attention, horaire visiblement destiné aux étudiants, chômeurs ou retraités... C'est à 18h30 !
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Photo : Emmanuel Hauguel