Parce qu’un cauchemar peut vous briser le coeur
Parce que la douleur humaine, celle qui est le prix de la joie, peut rouvrir une blessure ancienne qui n’a jamais cessé de suppurer
Parce que la cafard rappelle les sombres jours mélancoliques
Parce que la souffrance banale ramène dans votre coeur le souvenir de la souffrance inhumaine de la psychose, le traumatisme de ces années de folie
Parce que la maladie a laissé des traces ineffaçables dans toutes vos cellules
Parce qu’en fond il y a toujours la folie, la chute sans fin, la psychiatrie blessante
Parce qu’il y a toujours le souvenir du sang sur le poignet, du visage fou dans le miroir, de l’angoisse mortelle
Parce qu’il y a toujours dans ma tête cette jeune fille qui pleure dans sa robe de nuit d’hôpital, cette gamine perdue et cette folle assise dans un coin de la salle-de-bains
Parce que dix ans d’enfer ça ne disparaît pas comme ça
Parce que les souvenirs et les traumatismes cognent toujours dans le coeur
La schizophrénie c’est à vie.
« Para siempre » avait dit le Dr P. Ou peut-être pas, peut-être avait-il dit « pour les prochaines années », je ne sais plus vraiment. Mais j’avais compris pour toujours. Et si c’était ce qu’il voulait dire, à moi qui avait vingt-et-un ans et n’imaginait même pas ce que ça signifait réellement, il avait raison. Mais quoiqu’il en soit, ce que j’avais compris, c’était la vérité. Pour toujours.
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