Pour toujours

Publié le 20 octobre 2012 par Lana

Parce qu’un cauchemar peut vous briser le coeur

Parce que la douleur humaine, celle qui est le prix de la joie, peut rouvrir une blessure ancienne qui n’a jamais cessé de suppurer

Parce que la cafard rappelle les sombres jours mélancoliques

Parce que la souffrance banale ramène dans votre coeur le souvenir de la souffrance inhumaine de la psychose, le traumatisme de ces années de folie

Parce que la maladie a laissé des traces ineffaçables dans toutes vos cellules

Parce qu’en fond il y a toujours la folie, la chute sans fin, la psychiatrie blessante

Parce qu’il y a toujours le souvenir du sang sur le poignet, du visage fou dans le miroir, de l’angoisse mortelle

Parce qu’il y a toujours dans ma tête cette jeune fille qui pleure dans sa robe de nuit d’hôpital, cette gamine perdue et cette folle assise dans un coin de la salle-de-bains

Parce que dix ans d’enfer ça ne disparaît pas comme ça

Parce que les souvenirs et les traumatismes cognent toujours dans le coeur

La schizophrénie c’est à vie.

« Para siempre » avait dit le Dr P. Ou peut-être pas, peut-être avait-il dit « pour les prochaines années », je ne sais plus vraiment. Mais j’avais compris pour toujours. Et si c’était ce qu’il voulait dire, à moi qui avait vingt-et-un ans et n’imaginait même pas ce que ça signifait réellement, il avait raison. Mais quoiqu’il en soit, ce que j’avais compris, c’était la vérité. Pour toujours.


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