La création de la Banque publique d’investissement confirme la volonté de l’État de s’engager dans un rôle où il a toujours obtenu de mauvais résultats : celui d’actionnaire.
Un article du Cri du contribuable.
La BPI sera présidée par Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la CDC.
Avec la création de la future Banque publique d’investissement (BPI), l’une des promesses du candidat Hollande, l’État confirme sa volonté d’intervenir dans le jeu industriel.
Co-pilotée par l’État et la Caisse des dépôts et consignations (CDC), la nouvelle banque disposera d’un fonds de 40 milliards d’euros pour les entreprises, à travers le Fonds stratégique d’investissement (FSI), CDC Entreprises (Caisse des dépôts) ou encore Oséo, l’institution publique qui soutient les PME. L’établissement disposera de 20 milliards de fonds propres.
Deux niveaux de décision sont annoncés. Le premier concernera les gros dossiers. Les arbitrages seront rendus au niveau national par l’État et le FSI. Le second niveau appartiendra aux régions quand il s’agira du financement de PME-PMI locales. Dans tous les cas de figure, les décisions seront donc prises par des proches du pouvoir.
Risques de noyautages politico-économiques
La BPI sera présidée par Jean-Pierre Jouyet, 58 ans qui commença sa carrière auprès de Jacques Delors puis de Lionel Jospin. La direction générale de la banque est confiée à Nicolas Dufourcq. Proche de la cinquantaine, cet ancien inspecteur des finances a débuté dans la fonction publique sous l’ère de Pierre Bérégovoy (affaires sociales).
Au niveau local enfin, les arbitrages appartiendront à des conseils régionaux qui pour 21 sur 22 sont entre les mains d’élus socialistes. On peut donc redouter les pressions nationales et locales qui vont modeler l’activité économique de la BPI. Certains conflits d’intérêt sont aussi à redouter.
« Ça va être un nouveau Crédit Lyonnais », a notamment pronostiqué Jean-Louis Boorlo, président de l’UDI. Jean-Luc Mélenchon a pour sa part rebaptisé la BPI de « Banque publique de l’Incurie gouvernementale ».
L’exemple de la Saur
Destinée à financer les entreprises de taille intermédiaire, la BPI pourra aussi prendre des participations dans le capital des entreprises. Cela laisse-t-il augurer d’une gestion efficace de l’argent public ?
Non, si on s’en réfère au dernier bilan d’activité de l’État actionnaire [1]. Entre l’été 2011 et l’été 2012, la valeur des sociétés cotées détenues par l’État a reculé de près de 13%. Durant la même période, le CAC40 progressait de +5%. Soit un différentiel de près de 20 % !
Quant aux participations supérieures à 1% que l’État détient dans une cinquantaine de groupes non cotés, les dividendes sont en recul de 2 milliards d’euros à 5,8 Md€, selon un document annexé au budget 2013.
Ces mauvais résultats ne sont pas étonnants quand on voit comment certaines décisions d’investissement sont prises : sous le précédent quinquennat, le directeur général du Fonds stratégique d’investissement (FSI) avait, par exemple, dû accepter un montage financier lui étant défavorable lors de la reprise de la Saur (3e distributeur d’eau français) par Séché Environnement.
Avec Arnaud Montebourg aux commandes, on peut imaginer que ce n’est pas la dernière décision économique qui sera prise pour des motifs politiques !
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Sur le web.
Note :
- Rapport relatif à l’État actionnaire, annexe au projet de loi de finances pour 2013. ↩