"Tu es déjà en fauteuil roulant, tu ne devrais pas boire!" Une petite phrase lourde de sens et qui horripile le président d'une association d'aide aux personnes handicapées en Suède. Pour choquer l'opinion et parler du traitement des personnes handicapées, il a lancé une poupée qui ne ressemble en rien à une "Barbie".
Il y a de cela quelques mois, une poupée d'un nouveau genre est apparue dans les rayons des magasins de jouets de Göteborg, en Suède. Le carton d'emballage du jouet indiquait aux clients potentiels que la poupée était atteinte d'infirmité motrice cérébrale. Une invitation sous forme de provocation indiquait : « La poupée handicapée GIL. Traitez-la comme une vraie débile ! »
Les petites phrases assassines ne s'arrêtaient pas là. Sur la page Facebook de la poupée, on pouvait aussi lire « Elle ne dit pas de grossièretés, n'a aucune relation sexuelle, ne boit pas et ne vas jamais aux toilettes. Mieux qu'un vrai attardé. »
Ne prenez pas les handicapés moteurs pour des attardés
En résumé donc, les handicapés moteurs sont des attardés qui cassent les pieds de leurs congénères parce qu'ils disent des grossièretés, ont des relations sexuelles, boivent et vont faire pipi, de vrais enquiquineurs qui méritent bien d'être traités comme des débiles.
Il n'a pas fallu longtemps pour que l'apparition de la poupée GIL fasse le buzz en Suède et au-delà des frontières du pays. Fort opportunément, les médias se sont demandé s'il s'agissait d'une blague d'un goût douteux ou d'une vraie campagne anti-handicapés. Ils ont trouvé réponse à cette question auprès de la Gothenburg Cooperative for Independent Living.
Cette association vient en aide aux personnes handicapées, notamment en fournissant des outils pour leur permettre de vivre de façon autonome. Elle est à l'origine de la poupée GIL, le but avoué étant d'attirer l'attention du public, quitte à choquer, pour sensibiliser l'opinion à la discrimination dont sont victimes les personnes handicapées.
En finir avec la discrimination positive
Le représentant de la coopérative a exprimé le ras le bol des membres de son association qui en ont assez d'être traités comme des enfants et surtout que les valides se permettent de réfléchir pour eux. Évoquant son cas personnel, il a cité cette réflexion plusieurs fois entendue : « tu es déjà en fauteuil roulant, tu ne devrais pas boire ! » Ça agace, c'est certain.
Il a par ailleurs reconnu que la poupée était une provocation destinée à choquer l'opinion et à ouvrir le débat sur la façon dont sont considérées les personnes handicapées dans la société, leur souhait étant d'être traitées comme tout le monde. Premier objectif atteint.