Les chercheurs de l'Imperial College London, ont scanné les cerveaux de 17 hommes et 5 femmes âgés en moyenne de 24 ans et à IMC normal (23,9 kg/m2). La première fois, les sujets sont restés à jeun, sans petit déjeuner, puis dans une un mode randomisé-croisé pour les 3 des visites suivantes, soit sont restés à jeun, soit ont reçu un petit déjeuner 730 kCal, suivi d'une injection sous-cutanée de sérum physiologique (placebo) ou de ghréline (3,6 nmol / kg), une heure plus tard, la ghréline à niveau élevé stimulant encore l'appétit.
L'expérience montre que les participants à jeun, privés de petit déjeuner ou « sous » ghréline,
- évaluent les aliments riches en calories comme plus attrayants que les aliments faibles en calories,
- consomment un repas environ 20% plus calorique qu'à leur habitude.
Mais c'est l'analyse cérébrale, par IRMf, qui retient l'attention, avec l'identification d'une « hyperactivité » dans le cortex orbitofrontal, une région qui s'active tout particulièrement en cas d'apport en aliments riches en calories. Cette zone du cerveau participe au circuit de la récompense, pas seulement pour la nourriture, mais aussi pour d'autres sources de plaisir, selon les chercheurs, et plus l'on apprécie ce que l'on consomme, plus le cortex orbitofrontal s'active, plus l'on réprime le désir, plus son activité diminue.
Ici, sauter le petit déjeuner entraîne cette partie du cerveau à s'activer face à des représentations d'aliments à de haute teneur en calories.
L'intervention de cette région du cerveau pourrait aussi expliquer pourquoi certaines thérapies d'amaigrissement réussissent plus ou moins bien selon les individus, en particulier en cas de « gastric bypass » (ou court-circuit gastrique) où le désir pour les aliments riches en calories, toujours médié par le cortex orbito-frontal est altéré à la fois par des changements hormonaux et la sensation de malaise lors de la consommation d'aliments trop gras.
Enfin, ce résultat, vient s'ajouter à ceux d'autres études présentées à Neuroscience 2012, portant sur l'obésité, comme,
la capacité, grâce aux nouvelles techniques d'imagerie, de faire le lien entre ce que nous mangeons et comment nous pensons,
une meilleure compréhension des mécanismes biologiques du cerveau pouvant contribuer à l'obésité, au diabète ou à certains troubles du comportement alimentaire,
ou encore, une meilleure connaissance des effets de l'obésité sur les fonctions cognitives.
Des études intéressantes parce qu'elles montrent que le cerveau est un organe souvent négligé mais qui joue un rôle important dans une série de troubles alimentaires, explique le Pr Kenny, de l'Institut de recherche Scripps (Floride), expert en toxicomanie et obésité. «Beaucoup de ces résultats vont pouvoir mener à de nouvelles interventions, en aidant ceux qui luttent chaque jour pour reprendre le contrôle de ce qu'ils mangent ».
Source: Neuroscience 2012 Lack of modulation of brain resting state networks by fasting and ghrelin in humans - The Guardian Skipping breakfast primes brain to seek high-calorie food, study finds (Visuel Fotolia © monticellllo - Fotolia.com)