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La dernière fois que j'avais vu Get Well Soon en concert, c'était il y a deux ans et demi à Nantes. A l'époque, j'adorais les musiques mignonnes et tristes, la folk même. Depuis, j'ai dévié vers le garage ou les tubes putassiers des années 80, comme une vilaine fille. Forcément, je n'allais pas apprécier le concert de la même façon, mais ça valait le coup d'essayer.
GET WELL SOON @AB, BRUXELLES 12/10/2012
Ce vendredi soir, le club de l'Ancienne Belgique était complet. Rempli de trentenaires en couples, principalement, qui avaient fui les rues glacées par le vent sournois de Belgique et les bars remplis de supporters de foot pour le match contre la Serbie. La salle n'est pas bien grande, la scène non plus. D'emblée, j'étais bien loin de l'ambiance du concert de 2010 pour la tournée de l'album Vexations, où j'étais tranquillement postée au balcon de feu la salle de l'Olympic, à regarder plus bas une petite dizaine de musiciens et des films projetés derrière. Ici, pas d'écran, seulement Konstantin Gropper et cinq personnes pour l'accompagner, le spectacle est moins grandiose, mais forcément plus intimiste. La première partie du set est à chouiner. C'est très joli hein, mais qu'est ce que c'est triste. Ça fait penser à plein de choses horribles, comme le garçon dont j'étais amoureuse au collège, le prix du fromage au Delhaize, ou mes bébés chats qui ont été égorgés.
En plus, le groupe ne parle pas du tout, ce qui n'arrange pas la chose. Je me mets donc à imaginer Konstantin Gropper en jeune homme tourmenté et déprimé - après tout, il a choisi un nom de scène plutôt emo. Pour passer le temps pendant une ou deux chansons un peu molles, j'essaie de trouver des explications à cette grande question : pourquoi Konstantin ne sourit pas ? Plusieurs théories :
-Il n'a pas de sourcils. -Il voulait voir Richard Hawley, qui joue au même moment dans la grande salle de l'AB. -Il ressemble vaguement à un dictateur nord-coréen.
-Il en a marre que les Allemands payent pour ces flemmards de Grecs. -Le catering était mauvais, on leur a servi de la Jupiler, et c'est vraiment pas terrible comme bière. -Il a perdu sa maman et son tigre apprivoisé dans un accident domestique (sur sa guitare acoustique, il y a la photo d'une belle femme avec un félin, alors bon).
Mais en fait, je pense qu'il fait la tronche uniquement parce que, en bon Allemand, il n'est pas très expansif. Peut être qu'en fait, malgré son sobriquet, il va déjà mieux. C'est ce que je me dis à partir de la deuxième moitié du concert. Tout d'un coup, il se réveille, sort de son mutisme et parle, très à l'aise. Pire (enfin non, mieux), il fait quelques blagues au public, et fait jouer un vinyle pour lancer une des plus belles chansons du nouvel album, "Disney". Enfin, c'est parti. On troque les morceaux tristounets contre des pièces musicales bien plus complexes, avec des arrangements qui n'ont rien à envier aux compositions d'Arcade Fire (forcément, on ne peut s'empêcher de faire la comparaison). "5 Steps 7 Swords" est toujours aussi impressionnante en concert, et le final sur "You Cannot Cast Out The Demons (You Might As Well Dance)", un nouveau morceau, est un peu parfait. Surtout quand le public rappelle le groupe des coulisses en continuant les choeurs de la chanson. Ah, là il souriait, le Gropper. Et moi aussi, d'ailleurs. En fait, je n'ai pas totalement basculé du côté obscur de la musique. Je sais encore reconnaitre et apprécier de bons artistes. Bonne nouvelle. Peut être même que, bientôt, ça ira mieux.