L’Espagne semble se diriger vers une demande d’aide auprès de ses partenaires, même si celle-ci ne devrait pas figurer au menu du sommet européen de jeudi et vendredi, où elle entend néanmoins tirer profit du répit actuel pour s’assurer de conditions clémentes.
L’accalmie était très franche, mercredi, sur le marché des obligations espagnoles.
Profitant de ce répit, l’Espagne semble en bonne position pour peaufiner une demande de sauvetage européen qui plane depuis des mois sur le pays, déjà bénéficiaire d’une ligne de crédit d’un maximum de 100 milliards d’euros pour ses banques.
Sauf coup de théâtre, ce sauvetage ne figurera pas au menu du sommet européen de jeudi et vendredi, où l’Espagne cherchera plutôt à concrétiser les avancées vers une union bancaire et budgétaire, l’un de ses grands chevaux de bataille.
« Les choses évoluent », a toutefois indiqué à l’AFP un diplomate européen. Selon lui, le sommet pourrait permettre d’expliciter les conditions qui seraient exigées de l’Espagne en échange d’une aide.
Selon cette source, la demande pourrait intervenir la semaine prochaine, ou en tout cas rapidement après le sommet.
L’Espagne, déjà engagée dans une dure cure d’austérité, espère qu’une telle demande ne serait pas accompagnée d’aussi lourdes conditions que celles imposées au Portugal, à la Grèce et à l’Irlande, et assure qu’une décision, quelle qu’elle soit, sera prise dans les semaines qui viennent.
« Nous sommes en train d’étudier tous les éléments. L’Espagne a déjà pris des mesures, cela ne devrait pas être une conditionnalité beaucoup plus exigeante », explique une source du ministère de l’Economie.
« Ce sur quoi nous travaillons, c’est un consensus avec les partenaires: le jour où nous ferons la demande, il faut être sûr qu’elle soit bien reçue », précise la même source.
A la mi-journée mercredi, le rendement de l’emprunt à 10 ans de l’Espagne, une échéance-phare, reculait fortement à 5,530%, contre 5,805% mardi à la clôture, restant toutefois à un niveau élevé.
Indicateur de la confiance des marchés, la prime de risque, soit la différence entre les taux à dix ans espagnol et allemand, ce dernier jugé plus sûr, retombait sous la barre des 400 points de base pour la première fois depuis des mois, à 388 points (3,88 points de pourcentage).
Les investisseurs fêtaient ainsi le sursis accordé la veille par l’agence de notation américaine Moody’s, qui a décidé de ne pas reléguer la dette du pays dans la catégorie des investissements spéculatifs.
Moody’s expliquait que « l’Espagne demandera probablement une ligne de crédit de précaution au Mécanisme européen de stabilité » (MES), qui vient d’être mis en place, ce qui devrait permettre à la BCE de lancer un programme de rachat d’obligations espagnoles sans pour autant que le pays n’ait à utiliser les fonds européens.
Cette hypothèse, alimentée par des fuites venant du gouvernement espagnol, prend de la vigueur ces derniers jours. Et est reçue avec enthousiasme par les marchés.
La Bourse de Madrid était en légère baisse, de 0,42% à 8072,9 points mercredi à la mi-journée, mais avait accueilli avec euphorie la veille des rumeurs alimentant cette hypothèse.
La détente des investisseurs était de bon augure avant l’émission obligataire prévue jeudi par le Trésor espagnol, avec notamment des obligations à 10 ans.
« L’Espagne a encore des raisons d’attendre un peu plus », avançaient mercredi les analystes de Commerzbank.
source : AFP
« D’autant plus que l’avancée du programme de financement de l’Espagne après l’émission obligataire assez importante de jeudi laisserait le pays dans une situation confortable qui lui permettrait de résister jusqu’à ce que les besoins de financement de l’année prochaine deviennent plus pressant », ajoutent-ils.
Mais l’horloge tourne et « cela fait déjà longtemps que les marchés attendent », met en garde Soledad Pellon, analyste de la maison de courtage IG Markets.
« Difficile de dire combien cela pourra encore durer », ajoute-t-elle. « Mais je crois que la demande devra arriver avant la fin de l’année ».