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Le TSCG n’était qu’un début

Publié le 17 octobre 2012 par Eldon

Incroyable. Tout simplement incroyable. Le TSCG, à peine mis sur pied, arrivent déjà d’autres propositions de mesures plus importantes et draconiennes  Vu la situation économique, les contestations et les manifestations récurrentes, les tensions existantes, l »europhobie » galopante, on s’attendait à un profil bas des dirigeants  et technocrates européens ou au moins à ce qu’on nous laisse le temps de faire passer ce plat indigeste.

Mais pas du tout, au contraire. Non contents d’avoir raflé la mise sur des arguments alarmistes, partiaux voire faux, ils pensent déjà à aller encore de l’avant, à persévérer dans leur vision mercantile et technocratique de l’Europe. Le TSCG n’était en fait qu’un début.

Ce sont un allemand et un français qui enfoncent le clou.

La proposition de M Schäbule

C’est ainsi, qu’à quelques jours d’un « énième » sommet encore « crucial pour la survie de l’Europe et de l’euro » le 18 et le 19 octobre, l’Allemagne, via son ministre des finances , fait  des nouvelles propositions pour sortir de la crise et qui supposent des réformes de l’institution européenne.

M Schäuble, c’est de lui qu’il s’agit, souhaite ainsi attribuer par exemple, davantage de pouvoir au commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires (un fonctionnaire anonymement nommé) et réduire encore la souveraineté budgétaire des Etats membres.

Pour M Schäbule, ce commissaire devrait ainsi pouvoir opposer son véto au budget d’un Etat Membre - sur un coup de fil , l’avis de sa femme qu’il aura recruté sur les conseils de M Bartelone ?- .

Selon Markus Sievers, un journaliste,  Wolfgang Schäuble essaierait avant tout de détourner l’attention des problèmes que le gouvernement allemand rencontre pour dégager de nouveaux fonds pour le sauvetage de la Grèce.

Peut-être.

Peut-être aussi que Schäbule tente aussi de faire oublier le TSCG. Technique classique de marketing. On propose le pire pour mieux faire passer le mauvais.

Peut-être que l’Allemagne se voit en pays dirigeant de l’Europe et qu’elle brûlerait ainsi ses dernières cartouches avant que sa démographie catastrophique la mette à bas.

Peut-être qu’elle fait tout pour se faire détester et précipiter la fin de l’euro voire de L’UE elle-même, désir paraît-il contenu mais profond.

Peut-être qu’être nommé a le mérite de ne pas à avoir à se faire élire, nostalgie de démocrates ringards qui n’ont rien compris au suffrage censitaire du 19 siècle et que les caciques désignés confortent peu à peu leurs pouvoirs.

Peut-être aussi que tout simplement la logique dans laquelle s’est inscrite l’Union européenne se poursuit tranquillement, mue par sa logique interne et inexorable.

L’ultra-libéralisme sauvage pourra poursuivre son oeuvre de destruction massive au profit exclusif de quelques uns.

Avec le TSCG, les pays sont à vendre. Il n’y a pas de liberté budgétaire, même si les marges de manoeuvres  étaient déjà  serrées et que les gouvernements successifs ne font plus depuis longtemps que de la politique résiduelle.

Désormais il n’y a plus d’orientations politiques mais qu’un une trajectoire prédéfinie par la « règle d’or »: Des recettes et des plafonds de dépenses seront  fixés annuellement, proposés par le gouvernement et votés par le Parlement. Mais gare, ils devront être conformes à cette « règle d’or », sous peine d’annulation par le Conseil constitutionnel.

Mais auparavant, le gouvernement devra présenter son budget à la Commission européenne avant qu’il ne soit entériné par les élus du peuple.

Bref un double contrôle, externe et interne. L’admissibilité et l’admission. Les pays ne seront plus que des élèves soumis à un maître de classe.

Avec la proposition de M Schäbule les pays seront définitivement vendus. L’Etat ne conservera que ses pouvoirs régaliens: armée, justice et police. Et encore. On connaît déjà le recours massif aux milices sociétés de gardiennage privées . Sans parler des sociétés de mercenaires soldats de fortune qui interviennent déjà dans des conflits armés (Irak entre autres)

Les multinationales, les banques, les hommes d’affaires, les spéculateurs se frottent les mais.

Avec le TSC c’était Champagne. M Schäbule apporte le beluga. Mme Lagardexemptéedimpôts au service, M Barroso à la préparation des toasts . « Youpi à nous les écoles, les hôpitaux, les transports, la Poste, la protection sociale …

La protection sociale? Oui, oui. Mais ça on le devra à un frenchie.

La proposition de M Barnier

Elle n’est pas récente puisqu’elle date de décembre 2011. Mais elle est passée complètement inaperçue, en raison de l’agitation provoquée par la crise européenne et on a peine à croire que cela n’ait pas été intentionnel. Désormais, les vacances d’été et le Tour de France n’ont plus l’exclusivité du détournement d’attention.

Michel Barnier a présenté, en décembre 2011, une proposition de directive sur la « passation des marchés publics », censée favoriser la mise en place du « marché unique européen ».

Ce n’est que quelques mois plus tard, que l’intégralité des annexes, longues et fastidieuses, qui accompagnaient le document ont été analysées. Et, on a ainsi découvert l’article 16 du texte, par lequel  la Commission européenne dirigée par José Manuel Barroso propose d’appliquer aux « services de sécurité sociale obligatoire » de règles propres aux marchés publics. Autrement dit , il s’agit d’introduire des mécanismes de concurrence au sein d’un secteur  régi, horreur parmi les horreurs,  par le seul principe de solidarité.

L’adoption de ces mesures constituerait un véritable bouleversement.

Voilà ce qu’en a dit Médiapart:

« La sécurité sociale obligatoire (qui, en France, prend par exemple en charge les maladies les plus graves et les plus coûteuses) devrait faire l’objet d’un « avis de marché », chaque année, au terme duquel les pouvoirs publics choisiraient le meilleur des candidats. Aux côtés de l’opérateur historique (en France, des caisses d’assurance santé), pourraient s’inviter des opérateurs privés, par exemple des géants de l’assurance, comme Axa ou Allianz, pronostiquent certains des observateurs les plus inquiets à Bruxelles.

Contactés par Mediapart, les services de Michel Barnier n’ont pas souhaité dans un premier temps s’exprimer sur la question. Puis après la publication de cet article, le porte-parole de Michel Barnier, Stefaan De Rynck, a voulu préciser les intentions de la commission :

«Pourquoi inclure les « services de sécurité sociale obligatoire » dans l’annexe XVI de la directive, comme évoqué par votre article? Ceci n’est pertinent que dans le cas où un Etat de l’Union européenne souhaiterait – dans le cadre de son autonomie en la matière – organiser certains services de sécurité sociale à travers un contractant. Si jamais un Etat souhaite organiser sa sécurité sociale à travers un marché public (ce qu’il est libre de faire, même si ce scénario est très peu probable), il faudra dans ce cas précis avoir les outils juridiques pour faire respecter des règles de bonne gouvernance, de transparence et d’équité dans le choix du contractant privé». »

Encore du bla bla bla pour nous endormir.

Adieu la solidarité. C’est elle pourtant qui permet à chacun de se soigner gratuitement dans notre pays quelle que soit la gravité de la maladie (et de son coût pour la traiter), quel que soit le niveau de vie du malade et ses revenus.

Ceux qui gagneront suffisamment  auront une bonne santé, les autres débrouillez-vous. Vive le chacun pour soi.

L’article 22 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme? Il nous dit tour simplement que « toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays »

Elie Arié écrivait déjà en 2010 dans l’hebdomadaire Marianne que   »Cette idée est à la base de l’idéologie libérale selon laquelle le jeu de préférence des individus conduira au niveau souhaitable des dépenses de santé, et que les sanctions des consommateurs à l’encontre des assureurs de mauvaise qualité améliorera la production de soins. Elle est totalement antinomique des principes d’équité et de solidarité entre bien portants et malades, entre riches et pauvres« .

Cela dit, en taxant les mutuelles de santé en 2010, l’Etat français répandait l’engrais pour les chardons d’aujourd’hui.

Les vaniteux, sûrs de leur propre valeur, de la  grandeur de leur  génétique et de la haute éducation transmises à leur progéniture, ne se sentiront pas lésés, au contraire. Mais ça risque de ne pas les sauver le moment venu.

Déjà au Portugal, « Le Conseil national d’éthique pour les sciences de la vie (cet organisme indépendant auprès du Parlement portugais est l’équivalent du Comité consultatif national d’éthique français) affirme dans un rapport qui vient d’être rendu public que l’Etat portugais peut et doit rationner l’accès aux médicaments les plus chers pour le traitement des cancers, du sida et de la polyarthrite rhumatoïde. Le médecin qui dirige cette institution prétend qu’il s’agit d’ »une lutte contre le gaspillage et l’inefficacité, qui est considérable en matière de santé (…) Un combat non seulement légitime mais aussi souhaitable ». Il va jusqu’à dire que dépenser 50 000 euros pour survivre deux mois de plus ne peut se justifier. » (Source: » Courrier International »).

Bref, la vie a désormais un prix maximal. Economie et Budget oblige. N’ayez crainte que cela va arriver en France.

Endettons-nous désormais pour nous soigner, c’est bon pour les affaires.

Merci Wolfgang, merci Michel. L’UE vous le rendra au centuple.

Source: PressEurop


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