Une nouvelle étape vient d’être franchie dans la recherche d’exoplanètes. En effet, une équipe de chercheurs européens vient d’annoncer (article publié dans le numéro du 17 octobre 2012 de la revue Nature) la découverte majeure d’une planète dont la masse est légèrement supérieure à celle de la Terre. Cette exo-terre se situe dans notre proche voisinage galactique, à seulement 4,3 années-lumière de nous, dans le système d’Alpha du Centaure ! C’est donc la plus “légère” et proche exoplanète connue !
Il a fallu plus de 4 années, beaucoup de patience et de persévérance aux chercheurs pour débusquer ce petit corps en orbite autour de l’une des trois étoiles du système Alpha du Centaure. Le signal obtenu avec le spectrographe HARPS (High Accuracy Radial velocity Planet Searcher) installé sur le télescope de 3,6 mètres de l’Observatoire de La Silla (ESO) s’est “révélé faible mais réel” raconte Xavier Dumusque de l’Observatoire de Genéve et co-auteur de l’article scientifique ajoutant “C’est une découverte extraordinaire et elle a poussé notre technique jusqu’à ses limites !”. Il faut dire que l’instrument HARPS a réussi à relever d’infimes mouvements — oscillation — de l’étoile, “va-et-vient” de 51 cm seulement (soit 1,8 km/h). Cette technique employée dite de vitesse radiale permet de détecter indirectement la présence d’une planète (plus ou moins massive) trahie par les mouvements qu’elle imprime à son étoile-hôte (éloignement, rapprochement dicibles sur le spectre). Jamais un instrument de cette catégorie n’avait obtenu une telle précision. Il faudra attendre 2016 et l’installation de l’instrument ESPRESSO (Echelle SPectrograph for Rocky Exoplanet and Stable Spectroscopic Observations) sur l’un des 4 télescopes du VLT (Very Large Telescope) pour atteindre une précision de vitesse radiale de 0,35 km/h. (par comparaison, la Terre imprime une vitesse radiale au Soleil de 0,32 km/h !).
Peu connu pour être un système triple d’étoiles, l’ensemble Alpha du Centaure doit sa notoriété à sa grande proximité ! D’ailleurs, c’est la moins brillante et massive des trois, la naine rouge Alpha du Centaure C que l’on connait mieux sous le nom de Proxima du Centaure, qui est la plus proche de nous : 4,22 années-lumière (environ 40 000 milliards de km !). C’est donc le proche voisinage galactique. La planète qui vient d’être découverte gravite quant à elle, autour d’Alpha du Centaure B. Comparable au Soleil, elle est la deuxième étoile la plus brillante du système derrière Alpha du Centaure A. Cette dernière est l’une des plus remarquable du ciel austral !
D’une masse légèrement supérieure à celle de notre “vaisseau spatial” Terre, cette planète orbite en moyenne à 6 millions de km de son étoile, en seulement 3,2 jours, loin de la “zone habitable”. Dans notre système solaire, Mercure la plus proche, est distance de 58 millions de km.
Avec un Soleil qui occupe une grande partie du ciel et surtout des températures infernales combiné à un vent solaire qui lèche en permanence sa surface, il est exclu d’espérer y déceler des formes de vie. Mais qui sait ? Peut-être va t’on découvrir prochainement une autre planète dans ce système, située cette fois-ci dans la “zone habitable”, une région où il ne fait ni trop chaud ni trop froid pour que l’eau présente soit, en partie, à l’état liquide … Et alors, peut-être nous y rendrons-nous un jour, dans un siècle ou plus ? A la vitesse de la lumière, ce serait plus facile et plutôt rapide : 4 ans et 3 mois seulement seraient nécessaires pour s’y rendre ! Mais comme nous sommes loin, très loin d’arriver à — et supporter ? — de telles vitesses, il serait plus raisonnable d’imaginer qu’un voyage vers Alpha du Centaure prendrait entre 70 000 et 300 000 ans (selon la vitesse du vaisseau). Si on pouvait ne serait-ce qu’approcher le dixième de la vitesse de la lumière (30 000 km/s. !), le voyage interstellaire ne durerait que 42 ans !
Crédit photo : ESO./L. Calçada/Nick Risinger.