Une petite mélodie berce mon âme. Il a suffi d'un titre de chanson. Je contemple ma journée du haut de ma tour de guet matinale. Je me ressers tous les clichés éculés. Ouvrez les guillemets. Je ne suis pas le numéro que vous croyez. Le temps fuit comme le vent. Les jours sont comptés. Les yeux sont faits. Les filles sont belles et insaisissables. Les arbres sont mes amis. Je veux un café. Fermez les guillemets. Je mélange les idées et sensations, je secoue très fort, et il en sort un oiseau de paille. Je pense à toute cette légion d'anonymes qui cherchent leur quart d'heure. Je me dis nous sommes tous condamnés mais nous feignons de ne pas le savoir. Alors la vie est belle. L'amour vous fait chanter. Le travail c'est la santé. Je n'ai même pas envie de me révolter. Est-ce que ne pas avoir envie de se révolter, c'est se révolter? Est-ce que se résigner, c'est ce révolter? Mais bon sang, jusqu'où l'esprit du fado me poursuivra-t-il? Revenons à nos affaires, à nos petites tâches jardinières, à nos maillages résolus ou irréfléchis. La vie est avant tout question de modestie et sérénité, que je me force à penser. Le lyrisme est soit feu de jeunesse, soit artifice marchand. Quand j'aurai mal à mon corps, le coeur sera moins déluré, la lyre moins délirante, le regard moins sautillant. Mais ce n'est peut-être pas vrai, tout ce que je dis là...