Criture automate Hôtel des Grands Hommes tout près du Panthéon ---- Breton Soupault 1919 ---- les mots ineffacés des langues de hasard ---- Bohemian Heart Beat ---- j’ai rendez-vous avez Lula-Nash Pélieu rue Mouff dans un café ---- petite femme en cuir de quelque soixante-dix printemps « un désastre ambulant » dit-elle mais un désastre riant aux éclats, Lu la Muse prôlotte là juste derrière ma 16 --- et le Pélieu de ce début des années 60 devenu possessif trop bourré junky alors Yeux-Verts comme il l’appelle elle joue les filles de l’air elle s’esbigne se carapate, ces lettres-poèmes au cul comme les sirènes de flics après braquage. Braquage de l’amour, elle en connaît un rayon la Lu dans le Now/Here NowHere de la travelling zone ---- et Claude qui balbutie balbutie comme un possédé ---- obstiné incrédule frappé à mort déboussolé, n’osant croire à l’inconcevable. Crève, cœur. Shooteuse Lula télescripteur ---- la phrase avance, se débat. Rien à faire. Lu vit sa vie, empile les lettres chocs électriques sans les lire ---- parce que trop dur, parce que trop tard ---- passe à autre chose : elle fréquente Roger Blin, le Living Theater, l’univers du rock (notamment Peter Green des Fleetwood Mac et le guitar heros Alvin Lee des Ten Years After), les acteurs d’avant-garde Pierre Clémenti et Jean-Pierre Kalfon. Allen Ginsberg, qu’elle rencontre au milieu des années 70 : trop nu, trop gras, top laid et obsédé avec ça, toujours à reluquer le cul du moindre jeune mec qui passe, poète vieillissant au milieu de cette jeunesse rock en botte haute et jupe raz-la-touffe… Pélieu a fini par partir avec Marry Beach qui bosse chez City Lights, la librairie de Ferlinghetti à North Beach, SF. Mais jusqu’au bout cet amour Beat ---- Yeux-Verts, inoubliable, inoubliée.
Pélieu avant de passer, un jour de 2002, a relu le manuscrit final, donné son imprimatur. Le dernier recueil de Claude Pélieu constitue la meilleure introduction à l’œuvre TNT du seul poète beatnik français.
Un Amour de beatnik – Lettres à Lula-Nash 1963-1964 (Editions Non Lieu, 2012).
Studio Réalité, de Claude Pélieu (Le Castor Astral, 1999).