Vingt-trois ans d’existence et les années ne semblent pas avoir de prise sur
les membres du groupe de Tanz-metal Oomph!, à l’exception peut-être du guitariste Crap, qui semble avoir pris quelques kilos apparaissant sur son visage.
Vingt-trois ans et près de douze albums (en n’incluant pas les nombreux best-of de leurs différents éditeurs consacrés au groupe) dont « Des Wahnsinns Fette
Beute » (les butins gras de la folie, quel titre !) sorti en mai 2012 est à l’origine de cette tournée européenne.
Et s’ils l’ont débuté le samedi 22 septembre dernier au Pays-Bas, il n’était absolument pas question de louper cette nouvelle date parisienne au Trabendo.
OOMPH!, 12/10/2012, TRABENDO (PARIS)
Et pourtant j’aurai pu croire que j’allais le louper ce concert, après une journée d’entretien harassant et qui me voyait m’engager sur la ligne automatique 14 du métro parisien
en Gare de Lyon à 19 :00 passées.
Débarquant à la demi passée à la Porte de la Villette et ne prenant pas la sortie en direction du Cabaret Sauvage, je réalisais que, merde, je m’étais trompé de station et allais
devoir me taper une bonne partie du Parc du nord-est parisien pour rejoindre la salle de concerts !
Et c’est donc en retard que je retrouvais le Trabendo qui, avec cet immense chantier de la Cité de la Musique voisine, me semble bien condamner l’accès aux personnes à mobilité réduite alors
qu’au moins cette salle de 700 places environ est en elle-même pourvue d’accueil et d’accès pour les chaises roulantes.
Passé ce détail, qui me chiffonne bien que je ne sois pas en partie paralysé, j’entrais donc dans la salle alors que la première partie avait déjà commencé son
set.
Groupe de rock (grosso merdo) suédois inconnu, Blowsight (transcription phonétique
après correction orthographique personnelle du mot blowsite qui peut signifier « s’en prendre plein la
vue » et sembler pédant et présomptueux pour ce groupe de performers de premières parties) n’allait déjà pas être visuellement ma tasse de thé : les looks divers et variés des
quatre jeunes membres du groupe m’envoyant en pleine face leur mélange entre émo-néo-punk-core-truc à la con qui cartonnent dans les charts
et donnent la sensation à un nouveau public pré pubères d’être de « true rebelz ».
Choc visuel confirmé par les sons de mauvaises qualités que crachent les enceintes du Trabendo : des guitares et un chant qui les font
jouer dans la cour du cours moyen et de primaire des Simple Plan, Good Charlotte, Sum 41, Blink 182 et autres enfants légitimes ou non (mais sans la réussite) de Green Day.
L’attitude du chanteur –plus que guitariste- Nick Red jouant avec son public adolescent des premiers rangs trouvant un summum qui allait m’abattre et faire regretter d’être venu au concert les
poches vides quand ils décidèrent de jouer ce « Pokerface » de Lady Gaga à leur sauce indigeste, sic !
Ces quatre garnements -qui étaient loin d’être le sale gosse Joe de mon adolescence chevelu- quittant enfin l’espace qui leur était consacré de cette petite scène du Trabendo pour laisser les
roadies du groupe allemand m’ayant ré attiré ici s’occuper d’une demi-heure de balance et checks divers…
A 20:30 précise (de quoi faire passer Oomph! pour un groupe helvète plutôt que teuton), alors que les quatre renforts scéniques (le célèbre Léo, présent il y a deux ans, remplacé par le jeune Silvestri) du trio ont pris place
dans le ridicule décor maritime en place, c’est sous les cris stridents d’adolescents mais surtout d’adolescentes faisant concurrence à la
corde de brume servant d’introduction que nos héros viennent prendre petit à place derrière leurs micros et guitare et basse, jusqu’à ce que déguisé en une espèce de super-héros ridicule de blanc
et de rouge (me faisant me demander si j’étais venu voir Turbonegro et non Oomph ! en live ?!) le chanteur Dero Goi vienne entamer leur titre « Unzerstörbar » -premier titre de ce dernier album « Des Wahnsinns Fette Beute » à l’origine de cette tournée.
Mais, heureusement, le trio de Wolfsburg enchaine rapidement sur d’anciens titres, qui me confirment que j’ai bien fait de venir :
« Labyrinth », « Mein Schatz » et « Das Weisse Licht ».
Oui, Oomph! sait respecter et plaire à son public –qui ce soir-là semble réunir jeunes gens (peut-être attirés par la tête d’affiche, même si je trouve cela un peu étonnant) qui ont du obtenir
l’autorisation parentale de venir se crever les tympans à la veille du week-end et une autre partie, plus proche de ma génération trento-quarantenaire, peut-être fans de la première heure et
parents des premiers.
Alternant quelques titres de ce nouvel album (ce
« Unzerstörbar » d’ouverture, « Bis der Spiegel… », « Regen » sur laquelle Dero prouve encore une fois toute la beauté de son joli brin de
voix accompagné uniquement d’un clavier basculé en piano, « Seemanrose » et « Zwei Schritte Vor » entre autres) et certains de
leurs classiks, le groupe aura su donner un show qui aura séduit un public déjà acquis à leur cause (sinon, celui-ci n’aurait pas été sold out, après une
date déjà déplacée d’une Maroquinerie débordée à cette salle plus spacieuse)… si ce n’est encore une fois des problèmes d’acoustiques et de
sonorisations. Ce que je reprochais déjà à la salle lors de leur précédent
concert en mai 2010.
Surtout lorsque les gros riffs martiaux voire gothiques habituels du trio se retrouvent remplacés lors de cette prestation par les arrangements bien plus electro des multiples claviers (jusqu’à
trois) et les lourdes rythmiques d’autant de batteries et percussions (jusqu’à trois également) qui tenteront vainement de faire danser, avec cet étrange pop-new wave live qu’ils déversent, le
public d’une salle qui n’est pas un dancefloor allemand.
Barrière de la langue (même si Dero chante aussi bien en allemand qu’en anglais, dont il use, avec quelques mots de français, entre les titres pour discuter avec « the best
gig ») ou public fané qui n’y connait plus rien aux slams (une seule fille tentant de glisser et non de sauter sur les premiers rangs quand Dero et
Flux s’essayent au stage-diving d’un plongeoir pas bien haut) et encore moins aux pogos (Dero essayant vainement de créer un
Wall of Death avec un public adolescent, taillé dans des cure-dents et qui préfère protéger ses smartphones pour filmer le show sur « Mitten ins Herz
? » issu de leur album de 1995, « Defekt », tout de même !), celui-ci aura au moins aimé balancer ses bras de gauche à droite pour accompagner les chansons de marins
et/ou à boire du groupe : « Seemanrose » et son accordéon de musette nous faisant croire à la fête de la bière bavaroise ?!
Et si le concert a été peu propice aux échanges entre la salle et la scène ou que le public ne répondait pas aux paroles, on ne peut pas dire que le concert n’a pas été un succès. Au
contraire.
Surtout lorsque Dero refait l’histoire du heavy-metal et de nos symboliques cornes du diable manuelles en priant le grand Rob Halford de
Judas Priest tout de cuir vêtu et à la sexualité hors normes dans cet univers de mâles alcoolisés aux pantalons moules-burnes pour introduire leur reprise du
titre hyper-gay de Bronski Beat « Small Town Boy » : « Kleinstadtboy » dans la langue de Goethe et issu de ce dernier album. Bravo au
braillard chevelu devant moi qui s’écriait « Jimmy Sommerville » lorsque Dero demandait qui a inventé ce signe cornu.
Reprise qui faisait se rejoindre l’imagerie scénique de poissonnerie et de fantasme maritime descendu au port du film « QUERELLE » du groupe,
déguisé en marins de l’US Navy plutôt que leur Bundesmarine nationale, et cet hymne gay qui n’est pas sans rejoindre le récent et décrié tournant pop voire soft de ces prêtres (et
malade) d’une EBM gothique et metallik.
Heureusement, ils auront mis tout le monde d’accord avec leurs titres acoustiques, « Auf Kurs » et « Sex hat keine Macht », mais surtout ce
« Sandmann », qui, au-delà du message politique lancé par Dero à nos dirigeants (Angela Merkel et François Hollande) pour avoir
sauvé les banques à grands coups de millions d’Euros qu’ils auraient pu distribuer à des enfants en grand état de nécessité, a sans doute été LE titre qui a fait le plus
bougé le Trabendo… avant de conclure ce concert de plus d’une heure et demi par les guitares rageuses de « Augen Auf ! », leur plus gros hit extrait de
« Wahrheit Oder Pflicht » (La vérité ou le devoir) sorti en 2004 et classé plus de huit semaines numéro un en Allemagne.
Mais quelque soit l’artiste (à l’exception de ces enfoirés de Sonic Youth tristement célèbres pour avoir assurer un live le temps minimum pour n’assurer aucun remboursement plus d’une fois) un
concert n’existe pas sans rappels et s’ils étaient revenus deux fois en fin de
concert, il ya deux ans, comme le présentaient des setlists plus ou moins identiques depuis près d’une mois, Oomph ! ne sont revenus qu’une fois pour leur trois
derniers titres…mais surtout en surprenant beaucoup de monde, même si le travestissement de Dero (exhibant une partie de ces tatouages et muscles) en horrible bonne femme digne d’un teaser du jeu
« Dance 4 » ou truc dans le genre collait plus au titre débutant ce rappel : « Aus meiner Haut » sur la bisexualité
et autobiographique selon certains.
L’hymne sarcastique « Gott ist ein Popstar » finissant de faire jumper le public, qui aura donc dit au revoir sous les sifflets du
rigolo titre « Always Look on the Bright Side of Life » des Monty Python et venu de leur film irrévérencieux « THE LIFE OF BRIAN » (que je vous invite à voir
si vous ne l’avez jamais vu), les clous en moins.
Et votre serviteur de rejoindre la Porte de Pantin, bien plus proche du Trabendo, pour rentrer…
Superbe concert pour lequel le groupe s’est donné à fond, Dero répétant à
plusieurs reprises au public que celui-ci était leur public préféré dans une des plus belles villes, et qui dissimulait en fait les problèmes de ce dernier.
Car c’est malgré une lourde fatigue qu’il a tenu à monter sur scène, pour que son entourage annonce à la fin du concert que souffrant
d’une inflammation des cordes vocales des plus douloureuses il devait rentrer en Allemagne pour une semaine minimum et annulant à regret les dates suivantes : du 13 octobre au Barbey
Club de Bordeaux et hispaniques des 15 et 16 (à l’Apolo 2 de Barcelone et au Caracol madrilène).
Et si une rumeur annonçant une « Little French Tour 2013 »en compensation pour
février ou mars court déjà, il faut surtout souhaiter un prompt rétablissement à Dero et remercier encore le groupe pour ce concert… qui
aurait pu être toujours mieux sans ces problèmes de sonos et en retrouvant une salle du genre de l’Elysée Montmartre (où le public d’alors répondait mieux aux demandes de Wall of Death et slams
des riffs du groupe).
Set list du live (qui a fait la part belle à d’anciens titres) :
Intro + Unzerstörbar
Labyrinth
Mein Schatz
Das Weisse Licht
Bis der Spiegel…
Träumst du
Wunschkind
Kleinstadtboy
Mein Herz
Der neue Gott
Regen
Niemand
Gekreuzigt
Seemanrose
Mitten ins Herz?
Auf Kurs (en acoustique)
Sex hat keine Macht (en acoustique)
Zwei Schritte Vor
Sandmann
Augen Auf!
Aus meiner Haut
Gott ist ein Popstar
Always Look on the Bright Side of Life des Monty Python
Si je critique ce jeune public qui
protège le mieux qu’il peut ses smartphones pour filmer les concerts au détriment d’une furie, il faudra reconnaître que leurs images « volées » (me) sont utiles pour illustrer cette
page…