Ils étaient plus de 400 militants lundi 15 octobre à venir manifester sur la place Vendôme à Paris. Et à juste titre ; pour exprimer leur colère, alors que la justice vient d’acquitter dix hommes poursuivis pour des viols collectifs à Fontenay-sous-Bois et condamner quatre autres. Les associations féministes, à l’origine de cette manifestation, s’insurgent contre la multiplicité des viols collectifs devenus – plus qu’un simple crime – un véritable phénomène de société.
Ce rassemblement fait suite à une lettre ouverte lancée par trente associations du collectif Féministes en mouvements au Président de la République, lettre qui aurait rassemblé plus de 22 000 signatures en quelques jours. « Ce procès n’est pas un fait isolé, est-il précisé dans la lettre. Ce n’est pas un fait divers. Le viol est un crime. 75 000 femmes sont violées chaque année dans notre pays. 10% d’entre elles portent plainte et seuls 2% des violeurs sont condamnés. Cette situation traduit la tolérance de notre société vis-à-vis des violences faites aux femmes. Le viol est une domination des hommes sur les corps des femmes. Il est une des expressions les plus violentes des inégalités entre les femmes et les hommes qui persistent dans notre société. » Le collectif fait donc part d’une banalisation du viol, phénomène dont il serait malhonnête intellectuellement de sous-estimer aujourd’hui. Il appelle donc à un grand « débat public ».
Un raisonnement bancal
Jusque-là, la solidarité envers ces mouvements féministes qui se battent pour cette juste cause ne peut qu’être complète. Pourtant, leur raisonnement me chiffonne un peu. Car le prétexte de l’oppression masculine s’inscrit dans cet éternel combat pour l’égalité homme/femme et celui-ci pourrait ici être aussi retourné contre eux. Je poserai cette question : pourquoi le viol collectif est-il forcément un acte de l’homme ? Pourquoi ne pouvons-nous pas évoquer un cas inverse qui permettrait de condamner non pas une oppression faite aux femmes, mais tout simplement le viol collectif en lui-même, sans marquer une distinction de sexe, ce qui est d’habitude le leitmotiv de la plupart de leurs argumentaires ? Les slogans ont retenti sur la place : « Ni à prendre, ni à vendre, le corps des femmes n’est pas une marchandise ! ». Certes, mais le corps des hommes non plus. Si je m’en tiens au traditionnel raisonnement féministe, pourquoi faudrait-il être exclusif ?
Les associations féministes ont leur part de responsabilité
Si le viol – individuel ou collectif – est une émanation presque exclusivement masculine, cela vient de trois différences fondamentales entre l’homme et la femme : la force physique, les pulsions et l’organe sexuels. L’homme est plus fort, ses pulsions puissantes et constantes, et un sexe fait pour la pénétration et non la réception. Pour mieux condamner ces actes odieux et si possible les empêcher, il convient donc d’analyser quels sont les ressorts qui poussent les hommes – et non les femmes – à les pratiquer. Ce raisonnement qui serait propre à satisfaire les attentes des associations féministes est pourtant en contradiction avec leur propre pensée, plus proche de celle du gender qui est de nier les distinctions entre l’homme et la femme. Il ne faut donc pas s’étonner si leur combat est stérile.
Il faut partir de cette évidence que l’homme possède un physique, une psychologie, un affect et des pulsions souvent opposés à ceux de la femme. Qu’on le veuille ou non, cela engendre des inégalités. Et c’est en partant de ces inégalités qu’on obligera certains à être les maîtres de ce qui les caractérise, de ce qui fait leur identité masculine. C’est en se connaissant soi-même que l’on se prémunit de tels actes. En niant l’identité masculine, en promouvant l’indifférenciation des sexes, il n’est donc pas étonnant de voir se multiplier dans la société française ce phénomène si grave des viols collectifs. Les associations féministes ont donc, elles-aussi, leur part de responsabilité.