Poésie : le prix Apollinaire à l’originale Valérie Rouzeau

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Source : FranceTV 15/10/2012

Valérie Rouzeau, auteur notamment de plusieurs chansons pour le groupe Indochine , vient de remporter le Prix Apollinaire, considéré comme le « Goncourt de la poésie », pour son dernier recueil, « Vrouz » paru aux Editions de La Table Ronde.

Dans « Vrouz », paru en mars, Valérie Rouzeau se frotte pour la première fois aux sonnets. Ses 151 poèmes qui ont tous 14 vers, sont des instantanés de vie quotidienne, parfois prise dans sa plus extrême banalité. Ce travail d’une grande épure, qui joue beaucoup avec les sonorités, dresse un auto-portrait en filigrane qui enchante par sa drôlerie rêveuse ou sa mélancolie.

Extraits:
Le premier poème commence ainsi : « Bonne qu’à ça ou rien / Je ne sais pas nager pas danser pas conduire / De voiture même petite / Pas coudre pas compter pas me battre pas baiser / Je ne sais pas non plus manger ni cuisiner / (Vais me faire cuire un œuf) / Quant à boire c’est déboires. »

Dans un autre elle écrit : « Aussi je est un hôte d’on ne sait qui ni quoi / Mystère en bout de course comme à la balançoire / La vie assujettit drôlement ses invités / Alors je vante le vent par ma lucarne ouverte / Et je ne confonds pas auspices avec hospices / Rouzeau avec réseau dentiste avec temps triste / Pater avec par terre pleure avec meurs meurs meurs / Tu pisseras moins moins moins / Mon poème ne compte pas davantage / Que la conversation bruyante de mon prochain / M’empêchant de poursuivre par ici sauf / A fermer ma lucarne ou la repeindre en bleu / Appeler ma prochaine / Ou m’écrier au feu. »

Parolière pour Indochine
Valérie Rouzeau a écrit les paroles de plusieurs chansons d’Indochine : « Ladyboy », « Tallula » et « Comateen 2″. 

« Ladyboy » d’Indochine, paroles de Valérie Rouzeau

Son travail de parolière pour Indochine, époque « Alice & June » (2005) est différent de ce qu’elle publie, souligne Valérie Rouzeau. Après avoir été sollicitée par Nicola Sirkis, elle a dû s’adapter au groupe, explique-t-elle dans cette vidéo. « La différence entre une chanson et un poème ? C’est que le poème doit tenir debout tout seul. Sans interprétation, sans musique, sans rien. »

Pour « Talulla » Valérie Rouzeau a écrit :
« Ferme les yeux/Le temps s’en va/Et si tu veux/Reste avec moi.
Nous deux sous les étoiles sur les montagnes sous les étoiles/Ensemble hissons les voiles comme un signal hissons les voiles
Par milliers/Tes baisers/Te diront avec le vent/Les oiseaux: bonne nuit/Bonne nuit…
Par millions…/Les poissons/Te diront avec les vagues/Les sirènes: Talulla/Talulla… »

« Talulla » d’Indochine Live

Née le 22 août 1967 à Cosne-sur-Loire, Valérie Rouzeau s’est fait connaître en 1999 avec « Pas Revoir » (Dé Bleu), réédité en 2010 et écoulé à plus de 10.000 exemplaires. Auteur de quelque 25 recueils de poésie et de plusieurs chansons, elle a aussi traduit les poètes américains Sylvia Plath et William Carlos Williams.

« Vrouz » de Valérie Rouzeau
© La Table Ronde