Conversation au bord du précipice

Publié le 29 mars 2008 par Didier T.
Photo Chest of Draver Rebecca Veit
- J’ai acheté des préservatifs. Regarde. D’habitude je laisse plutôt les garçons faire. Mais là, je me suis dit que peut-être tu avais l’habitude, mais peut-être plus. Alors pour être sûre qu’on gâcherait rien. Je me suis chargée des préservatifs. Au début je pensais aller dans une pharmacie de Pigalle. Je me disais que probablement, ils avaient l’habitude, ils diraient rien. Et puis je me suis souvenue qu’au Monoprix, il y a aussi des préservatifs. Les caissières sont tellement tristes ; elles ne regardent plus les gens. Je les ai achetés parfaitement incognito comme si j’avais encore quinze ans à peine. J’ai pris big size.
- Big size ?
- C’était pas ça la taille ?
- Si, si…euh… si.
- Pourquoi j’aurais pas l’habitude d’acheter des préservatifs ?
- Tu es marié, non ? J’imagine qu’avec ta femme tu ne mets pas de préservatifs. Mais si tu te tapes souvent d’autres femmes, j’espère que tu as l’habitude d’en utiliser. En tout cas, pour nous, on va en mettre, pour les mst, le sida et puis parce que je ne prends pas la pilule. Tu vois, pour la prendre faudrait que j’aille chez le médecin, et j’ai horreur des médecins, je me sens en forme, et puis faudrait attendre mes règles pour commencer une plaquette. Et puis ça désorganiserait mon organisme, alors pour prendre la pilule, il me faut une relation sérieuse. 
- Ce n’est pas très engageant.
- Non. C’est cette situation. Ta situation. Ta femme et tes mômes. Détournement d’homme marié, ce n’est pas très glorieux. Alors comme je n’ai pas la prétention de croire que je suis la seule et l’unique, celle qui te fera tout quitter, je préfère pas jouer une partition trop romantique. Je me protége. J’aime pas avoir mal. Surtout les peines de cœur. Je mets des années à m’en remettre. J’ai trop de fragilités. Alors, nous deux, je vois ça comme un échange de bons procédés. Tu t’emmerdes avec ta femme en ce moment, je m’emmerde dans la vie, alors on va essayer de prendre un peu de bon temps. Peut-être même que ce ne sera pas une entreprise si aisée. J’ai peur que nous soyons raidis par le trop plein de culpabilité. Chuchoté (quoique raidi dans ton cas peut être fort intéressant).
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu