Il y a 25 ans disparaissait le Capitaine Thomas Sankara, considéré comme le «père de la révolution démocratique et populaire» au Burkina Faso. Pourtant, plus de deux décennies après son assassinat à la suite d’un coup d’Etat le 15 octobre 1987, son nom et son héritage peinent toujours à entrer officiellement dans l’histoire de son pays, souligne le Journal du Jeudi.
Même si aujourd’hui, les pros et les anti-sankaristes ont enterré la hache de guerre, le contentieux demeure toujours. Le Journal relève qu’il n’existe pas de statut officiel que la mémoire collective doit garder du disparu.
Dans un édito, le Journal du Jeudi signale que 25 ans après, les mêmes coups de sang continuent, malgré les efforts de l’actuel régime de réhabiliter la mémoire de Thom Sank, comme l’appelait familièrement ses anciens compagnons.
En décembre 2006, la municipalité de Ouagadougou avait décidé d’inscrire les noms des anciens chefs d’Etat sur les artères de la capitale. Au même titre que Maurice Yaméogo, Sangoulé Lamizana, Saye Zerbo et Jean-Baptiste Ouédraogo, Thomas Sankara a également eu sa rue, celle qui passe devant l’hôpital Yalgado.
Pour bon nombre d’observateurs de la scène politique un grand pas venait d’être franchi, en baptisant cette ruelle du nom de l’ancien président assassiné. Mais, l’absence remarquée de la famille du défunt président était le signe évident d’un achoppement pour la relance du processus de réhabilitation du Capitaine. Car en avril 2000 aussi, un décret présidentiel avait ordonné l’érection d’un mausolée en la mémoire de Sankara, mais l’ordonnance est restée lettre morte.
«La réhabilitation est tombée en panne, pour ne pas dire qu’elle est restée en cours de chemin. Après le coup d’éclat de l’avenue, il n’y a plus rien eu. Le totem a repris toute sa place», fait remarquer le Journal du Jeudi.
Pendant ce temps, la famille Sankara, ainsi que ses avocats s’activent toujours pour que leur cause soit entendue devant les juridictions burkinabés et internationales. L’affaire reste pendante devant la justice et du coup elle laisse une tâche noire dans la mémoire cllective.
En plus de la panne judiciaire, il faut aussi compter la panne idéologique des partis et formations politiques qui se réclament de l’idéal sankariste.
25 ans après la disparition tragique de Thomas Sankara, cet ancien chef d’Etat qui est célébré à l’extérieur du Burkina comme un «héros» et un «panafricaniste» la question de justice, au propre comme au figuré —demeure un défi qui va au-delà des clans et du régime. Pour le peuple burkinabé, il est peut-être temps que l’Etat situe l’opinion internationale sur la place qui doit être la sienne dans la mémoire de ses compatriotes.
Lu sur le Journal du Jeudi