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Psaumes (V)

Publié le 16 octobre 2012 par Perce-Neige

Psaumes (V)Mieux qu’un long discours une photo ! Et mieux, peut-être, qu’une photo, la singulière manière que l’on a, systématiquement, d’en dissimuler le sens... Et, mieux encore qu’un long développement pseudo-psychanalytique sur tout cela, ce bref - très bref - instant durant lequel, immanquablement, il vous semble tout à fait évident que vous êtes, maintenant, à deux doigts d’entrevoir vraiment la réalité. Comme si, de par l’incompréhensible volonté d’un être supérieur au dessin inimaginable, vous pourriez brusquement accéder à la révélation ! Oh, bien sûr, pas question, tout de même, de prétendre, un tant soit peu, appréhender les agencements secrets de tout ce qui régit la monstrueuse complexité du monde… Oh, non…  Pas question, non plus, de vous prendre pour celui ou celle que vous n’êtes pas ! Pas question de vous croire sensiblement plus intelligent, lucide et pénétrant, que ne l’étiez l’instant d’avant, soupçonnant, d’un imperceptible battement de cils, l’irrémédiable destin de la foule qui vous entoure. Non, ne rêvons pas… Ce n’est sûrement pas demain la veille, ni même après-demain d’ailleurs, que n’importe quel péquin venu pourra, réellement, pénétrer l’intimité du Créateur et tutoyer les immensités cosmiques, cloaques de lumières et de connaissances d’où suintent en permanence une infinité d’univers. La littérature a beau se parer de bien des vertus, les limites sont vite atteintes… Les voyelles et les consommes, les mots et les phrases, fussent-ils agencés d’une manière quasi-parfaite, n’ont jamais pu, contrairement, hélas, à bien des ambitions, propulser quiconque dans la stratosphère. Encore que… Jérémy n’était plus sûr vraiment de rien. Mais, surtout, à cet instant là, Jérémy aurait payé cher, très cher même, pour qu’on le laisse un peu en paix, voyez-vous. Pour qu’on évite de le dévisager sans cesse. Pour qu’on tourne immédiatement la tête du côté opposé. Pour qu’on s’abstienne de lui adresser la parole à tout bout de champ. Pour qu’on l’oublie vraiment une demie seconde, au moins. Jérémy gémissait. Soupirait. Et ne put résister très longtemps. D’une des poches intérieures de sa veste, l’une des plus dissimulées sans doute, il finit par brandir ce qui semblait pouvoir ressembler à un banal, très banal, portefeuille. Et de ce très banal portefeuille, il parvint à extraire, quoique difficilement, il faut bien le dire, la fameuse photo qu’il portait en permanence contre lui. Et là, mes ami-e-s, c’était un peu comme si quelque tornade surgie d’un horizon insoupçonné, avait soudain dévasté le paysage.

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