Mémé Kamizole à Yamina Benguigui : s’iou plait, voyagez « léger »

Publié le 16 octobre 2012 par Kamizole

Lors du règne de Sarko 1er Les finances publiques n’ont été que trop mises à mal de toutes les façons - dont des déplacements incon-sidérés effectués par nombre de ministres dans les avions de la République plutôt qu’en prenant les vols réguliers. A l’heure où l’on demande aux Français - et surtout aux moins nantis ! - de se serrer la ceinture pour payer la note des dispendieuses dépenses des cinq calamiteuses années du règne de Nicolas Sarkozy, il ne faudrait peut-être pas attiger ! Je l’ai écrit tant est plus : je suis assurément socialiste mais ni conne ni bénie-oui-oui. Je ne laisserais rien passer de ce qui est contraire à mes convictions et en premier lieu, l’attention aux déshérités.

Je trouve l’information sur Le Figaro Frais d’avion : Benguigui épinglée (Flash-Actu 10 oct. 2012). Nul besoin d’être grand clerc pour subodorer combien le quotidien de la droite se réjouit de ce qu’apprend le Canard Enchaîné au sujet d’un déplacement qu’elle souhaitait faire entre Paris et Kinshasa à l’occasion du sommet de la Francophonie.

Yamina Benguigui est sans doute une cinéaste de talent d’après ce qu j’ai pu lire mais elle me semble manquer totalement d’intelli-gence politique. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi la francophonie devrait être obligatoirement représentée par une personne originaire des anciennes colonies françaises ou des départements d’Outre-mer. D’autant que le français est parlé et/ou enseigné dans un certain nombre de pays d’Europe (Belgique, Suisse, Luxembourg) ainsi qu’au Québec, entre autres.

Dans un domaine relativement voisin, celui du secrétariat d’Etat à l’Outre-mer, l’on avait d’ailleurs fait en son temps le reproche - tout a fait justifié - à Nicolas Sarkozy d’avoir nommé Marie-Luce Penchard, élue de Guadeloupe, nonobstant une règle non écrite selon laquelle ce poste ne pouvait être occupé par un ultramarin afin d’éviter une riva-lité entre ces départements. Sarkozy n’ayant eu cesse de trans-gresser toutes les règles, il l’a nomma donc à ce poste. Ensuite de quoi elle s’empressa d’assurer les Guadeloupéens qu’elle veillerait à ce qu’ils fussent les mieux lotis dans le partage des aides… rien d’étonnant au demeurant de la part de la digne fille de Lucette Michaux-Chevry (qui fut il y a déjà longtemps secrétaire d’Etat à la Francophonie) les deux femmes partageant une conception des plus curieuse de l’utilisation des finances publiques.

D’ailleurs, dans ces temps de disette budgétaire, a-t-on besoin d’un secrétaire d’Etat à la Coopération et d’un secrétaire d’Etat à la Francophonie ? D’autant que Yamina Benguigui semble bien agir comme si elle cumulait encore les deux fonctions (ce qui fut le cas dans le premier gouvernement Ayrault). Est-ce à elle d’aller porter dans un camp de réfugiés à Goma - ville dont le seul nom réveille de terribles souvenirs de guerre civile - dans le Nord-Kivu à 2500 km de Kinshasa - une aide de deux millions d’euros pour « mettre un coup de projecteur sur ce conflit oublié sans visage » où elle souhaitait se rendre après le sommet de la Francophonie.

J’ai sans doute au moins autant sinon plus de mémoire qu’elle et n’ai rien oublié des guerres terribles entre Tutsis et Hutus qui ravagèrent non seulement la République démocratique du Congo mais également le Rwanda et le Burundi. Mon ami Deo qui survit à Bujumbura (il a tout perdu pendant la guerre, sauf la vie et celle de sa famille) viendrait me le rappeler.

Je peux affirmer qu’elle manque totalement d’intelligence poli-tique car elle vient de mettre François Hollande en porte-à-faux dans la politique africaine de la France. Je lis en effet à ce sujet un article du Point tout à fait explicite Yamina Benguigui roulée dans la farine ? (2 oct. 2010).

Elle aurait semble-t-il cru aux promesses d’un Kabila s’agissant de l’adoption de réformes démocratiques en RDC, notamment la créa-tion d’une commission nationale des droits de l’homme ainsi que d’une commission indépendante en charge de la transparence des élections, mesure qui avait emporté la décision de François Hollande de se rendre à Kinshasa à l’occasion du sommet de la Francophonie. Il est bien évident que ces mesures ne verront jamais le jour et François Hollande a décidé d’écourter au maximum son déplacement, n’assistant qu’à l’ouverture du sommet sans passer la nuit à Kinshasa comme prévu.

Selon ce qu’écrit Juan Gomez sur le site de RFI polémique entre Paris et Kinshasa  (11 oct. 2012) à quelques jours de l’ouverture du sommet de la francophonie le ton monte entre Paris et Kinshasa - François Hollande jugeant la situation démocratique en RDC « inacceptable » ce à quoi Joseph Kabila ose rétorquer que le président français est « mal informé ».

L’article du Point, très court, est purement factuel et se borne en une seule phrase à constater « qu’à l’Elysée comme au Quai d’Orsay, on se montre agacé par Yamina Benguigui, la ministre déléguée à la Francophonie ».

En revanche, je suis tombée sur un article particulièrement haineux et dégueulasse de 24 heures actu écrit par un certain Lessouflet - qui mériterait bien qu’on lui claquât une belle nasarde - Yamina Benguigui fait (encore) mentir François Hollande (9 oct. 2012) qui n’hésite pas à écrire d’emblée que selon Le Point Les équipes de l’Elysée et du Quai d’Orsay seraient « particulièrement agacées » par Yamina Benguigui. Je crois savoir lire même sans mes lunettes (que j’utilise uniquement à l’extérieur) et vous laisserais comparer les deux versions. Peut-être faut-il chercher le mot « parti-culièrement » comme dans certains magazines de jeux où il faut découvrir d'autres images à l'intérieur d'un dessin plus ou moins compliqué ? Ce site doit faire la joie des éléments les plus fachos de l’UMP.

Cet article relève du parfait torche-cul plutôt que d’un article de presse. Je ne vous dis pas le niveau de bassesse vulgaire autant qu’ignominieuse d’autres titres d’articles également consacrés à Yamina Benguigui que je me suis bien gardée d'ouvir. Carrément propres à me flanquer la gerbe. Pouah ! S’il existait en version papier je ne voudrais certainement pas m’en servir comme PQ.

Ceci dit, je h’hésiterais pas à affirmer que Yamina Benguigui n’a nullement sa place au gouvernement et qu’ayant mis François Hollande en difficulté sur une question aussi essentielle pour la politique étrangère que les affaires africaines il ne m’étonnerait nullement qu’elle fût d’ores et déjà sur un siège éjectable.

Yamina Benguigui est à l’évidence une erreur de casting. Impos-sible de ne pas penser au fameux « principe de Peter » : promouvoir une personne qui présentait des qualités certaines dans tel ou tel emploi peut-être totalement contre-productif si ces mêmes qualités ne conviennent nullement au poste supérieur où la personne aura été nommée.

Quant à savoir par qui elle pourrait être remplacée de façon efficace s’il fallait impérativement conserver un(e) ministre délégué à la francophonie, cette question a largement occupé mes réflexions tout au long d'une longue nuit de travail passée à lire la presse en ligne et à écrire mes articles. Je n’irais pas jusqu’à affirmer que « mes nuits sont plus belles que vos jours » comme Raphaëlle Billetdoux dans un magnifique roman et me passerais fort volontiers de ces insomnies tenaces.

Je ne connais bien évidemment pas par le menu toutes les personnalités politiques de gauche lato sensu. Par ailleurs, j’ai beau être féministe, j’ai toujours été opposée aux « quotas » - je pense d’ailleurs la même chose s’agissant de la diversité ethnique et/ou de l’origine sociale. Que l’on ne me fasse pas de mauvais procès d’intention, je parcours suffisamment la presse - et j’enregistre le nom des journalistes quand il est indiqué en même temps que les articles, de même que je regarde plutôt les journaux d’information continue de la TNT (les grands messes cathodiques des JT traditionnels, très peu pour moi). Les signatures ou prestations de journalistes d’origine africaine - Afrique noire ou Maghreb - souvent excellents, sont loin d’être aujourd’hui des exceptions.

Or donc, s’agissant de savoir qui pourrait lui succéder, je n’ai trouvé qu’une seule personne. Sans doute certains me tomberont sur le poil, affirmant que je ne connais rien à rien. Je ne prétendrais pas que cela me fît plaisir mais je commence à en avoir l’habitude et en général ne manque pas d’arguments. Il s’agit de Jean-Michel Baylet. Président des radicaux de gauche. Lequel a par ailleurs été secrétaire d’Etat auprès du ministre des affaires étrangères de 1984 à 1986 alors que Laurent Fabius était 1er ministre. S’il est journaliste - patron du groupe de presse de la Dépêche du midi - avant de faire une école de journaliste il fit des études de droit. Ce qui ne manque nullement d’intérêt dans une fonction où la connaissance du droit public international me semble avoir autrement d’importance qu’une carrière de productrice de films.