Titre : Les monstres de Mayuko
Scénariste : Marie Caillou
Dessinatrice : Marie Caillou
Parution : Février 2012
« Les monstres de Mayuko » est un ouvrage paru il y a presque six mois. Il est l’œuvre de Marie Caillou. Je ne connaissais pas du tout cet auteur jusqu’alors. C’est en lisant une critique élogieuse à l’encontre de ce bouquin que j’ai décidé de me l’offrir. Cela me donnait l’occasion d’élargir ainsi ma culture bédéphile. Cet album est édité chez Dargaud. C’est un objet d’excellente qualité qui abrite une histoire s’étalant sur une centaine de pages. Son prix avoisine vingt euros. La couverture nous présente une enfant tenant sa poupée dans les bras. Son regard est apeuré. Le second plan est d’apparence onirique et abrite un curieux personnage au long nez semblant voler dans les airs.
L’histoire est construite autour du personnage de Mayuko. Cette petite fille vit dans une maison isolée. On a découvre en train de s’amuser à lancer des boules de neige sur deux statuettes représentant un renard et un ours. Sa mère nous apprend qu’elles sont des porte-bonheur. Alors qu’elle se couche pour dormir, Mayuko voit apparaitre un renard qui décide de l’emmener dans un monde inconnu dans lequel notre héroïne est perdue. Elle y fait des rencontres curieuses qui ne semblent pas l’aider à rentrer à la maison…
J’étais assez curieux de découvrir cet album pour plusieurs raisons. La première était que son auteur m’était inconnu. Il est toujours intéressant de se plonger dans un nouvel univers. De plus, l’histoire semblait se dérouler dans une atmosphère nipponne qui m’est peu familière. Enfin, le fait que ce bouquin se présente comme une intrigue indépendante qui ne nécessite pas de suite permettait de connaitre toute l’histoire sans avoir besoin de patienter des mois pour connaitre le dénouement. Cela a certains charmes non négligeables. Bref, j’étais plein d’entrain en découvrant la première page née du trait de Marie Caillou.
Dès les premières pages, j’ai trouvé que « Les monstres de Mayuko » était proche de « Alice aux pays des merveilles », la dimension japonaise en plus. A la manière de l’héroïne de Lewis-Caroll qui était attiré dans un terrier par un lapin en retard, Mayuko se voit mener dans une forêt en suivant un renard qui n’inspire pas confiance. A mes yeux, il s’agit d’un compliment car je suis assez sensible aux différentes adaptations des aventures de la célèbre jeune fille au pays du chapelier fou et de la reine de cœur. Ce parallèle nait assez rapidement dans la narration. Cela a pour conséquence de voir attrait intensifier très rapidement. Je ne cherchais qu’à être conquis.
La dimension onirique est rapidement construite. On erre dans une forêt qui semble posséder aucune sortie. On fait des rencontres curieuses. Les personnages qui croisent notre chemin nous éloignent toujours plus de la réalité qu’on a quittée en suivant les pas de Mayuko. Cette dernière est irrémédiablement attirée par le renard et ses amis alors qu’elle sait qu’ils n’aident pas ses intérêts. A ce niveau-là, la réussite est au rendez-vous. La coupure avec la réalité est marquée et notre fuite en avant dans ce nouveau monde est évidente.
Malgré ces jalons bien posés, je trouve que la mayonnaise ne prend jamais suffisamment pour m’envouter complétement. Je n’arrive jamais à être complètement emporté par le tourbillon qui semble perdre Mayuko. Je pense que l’univers créé par Marie Caillou aurait gagné à être densifié et à multiplier les rencontres qui auraient ainsi participé à densifier l’atmosphère de la lecture. L’histoire manque de seconds rôles, indispensables pour donner une identité à l’univers. Je ne me suis jamais vraiment ennuyé à suivre Mayuko au cours de la centaine de pages qui compose la lecture. Par contre, mon intérêt pour son devenir était moins intense à la fin qu’il ne l’était au début. Une évolution inverse aurait été une bonne chose.
Le fait qu’on ne quitte jamais vraiment le statut de lecteur vient également des dessins. Je n’ai pas été vraiment sensible au style de Marie Caillou. Je le trouve froid et un petit peu trop simpliste. Les personnages sont peu expressifs et les décors très succincts. Certains pourront me dire que je n’ai pas su profiter du style peu classique de l’auteur. C’est peut-être le cas. Mais le résultat est là. Je suis spectateur de son histoire au lieu de m’y impliquer pleinement. De plus, je trouve que la police avec laquelle sont rédigés les dialogues fait qu’ils ne s’insèrent pas de manière harmonieuse dans les cases. Bref, je ne peux pas dire que je sois tombé sous le charme du trait de Marie Caillou. C’est dommage.
En conclusion, je termine ma lecture avec un sentiment mitigé. « Les monstres de Mayuko » est un ouvrage construit qui possède un univers propre et original. Néanmoins, il ne possède pas la flamme qui fait qu’on se laisse emporter par les aventures de l’héroïne dans ce monde onirique. Malgré tout, je ne suis pas hermétique au fait de découvrir d’autres ouvrages issus de la bibliographie de Marie Caillou. Par contre, je ne peux pas dire que je serai aux aguets de sa prochaine parution. Il faut savoir raison garder…
par Eric the Tiger
Note : 11/20