INTERVIEW – Les New Yorkais de We Are Augustines, trio formé dans la douleur sur les cendres de feu Pela, reviennent en Suisse après leur passage remarqué au Pully For Noise Festival cet été. Ils seront en concert ce jeudi 18 octobre, au Fri-Son, pour clôturer une tournée longue d'un an et demi. L'occasion pour nous d'en savoir un peu plus sur ces garçons de Brooklyn grâce à Billy McCarthy, charismatique chanteur du groupe, qui a pris le temps de répondre à nos questions entre deux tunnels. Entretien.
Lords of Rock: Tout d'abord comment ça va?
Billy McCarthy: On va bien, merci. C'est les deux dernières semaines d'un tour de quinze mois donc tu peux t'imaginer les sentiments contrastés qui nous habitent. On est à la fois excité car on se projète déjà un peu sur ce qui va venir après, mais on appréhende également le retour à la maison et le fait de devoir quitter cette ambiance particulière de la tournée avec laquelle on s'est complètement familiarisé ces derniers mois.
Pour les gens qui ne vous connaissent pas encore, We Are Augustines sur scène ça donne quoi?
Je dirai que c'est comme si, autour du groupe, volait et tournait un char de guerre romain, mais version Rock n' Roll, tiré par des chevaux avec de la musique leurs jaillissant des yeux. C'est vraiment ça.
Par le passé, toi et Eric (Sanderson, bassiste et co-fondateur du projet) faisiez partie d'un groupe qui s'appelait Pela. Est-ce que vous reprenez des morceaux de ce répertoire en live où est-ce que ce chapitre est définitivement derrière vous?
C'est marrant que tu poses la question car on est justement en train de répéter une chanson de Pela et on pensait la jouer après notre dernier morceau, pour clôturer le show. Le problème c'est que le public chante si fort avec nous sur « Chapel Song », avec laquelle on termine généralement, que l'on ne trouve pas vraiment de raison d'en rajouter encore une autre derrière. Mais j'aimerai beaucoup la caler quelque part.
Et peut-on savoir de laquelle il s'agit?
Si je te le dis tu n'auras plus la surprise. C'est bien trop confidentiel (rires).
En quoi les We Are Augustines diffèrent-t-ils de Pela?
Les gens feront toujours un lien entre les deux, ne serait-ce qu'en raison de ma voix mais, si je suis honnête avec toi, je dirai que We Are Augustines est tout simplement un bien meilleur groupe. Je dis cela parce que humainement on se sent mieux aujourd'hui après tout ce qu'on a traversé *. On est également devenu beaucoup plus professionel: on arrive à l'heure et sobre de surcroît. On est plus juste des débiles qui jouent dans un groupe de rock. Ce que l'on fait aujourd'hui a un sens dans nos vies.
(*des événements tragiques ont bousculé leur vie ces dernières années, décès du frère de Billy, notamment et après s'être fait rouler par leur ancien label, ruinés, ils ont du s'endetter pour produire leur album alors que tous les labels leurs tournaient le dos.)
Assez parlé du passé. Tu as écrit toutes les chansons de l'album sauf deux (New Drink For The Old Drunk et Barrel Of Leaves), parle-nous un peu de ces morceaux.
"New Drink for the Old Drunk" est une reprise des Crooked Fingers dont je suis un grand fan. "Barrel of Leaves" a été écrite par un pote à moi avec qui j'ai grandi. Il n'est pas vraiment musicien mais je trouve la chanson tellement belle que je tenais à ce qu'elle soit sur le disque.
Tes paroles sont très imagées, mais plus encore je dirais que votre musique dans son ensemble est très graphique. Est-ce que composer la BO d'un film est une chose qui vous trotte dans la tête?
Tu sais, j'adorerai faire un travail de ce genre en effet. En fait tu parles là d'une chose qui me tient réellement à coeur, j'ai même déjà le nom du projet en tête et j'espère vraiment qu'il se réalisera. Mais pour le moment je me concentre sur le groupe car on a travaillé dur pour en arriver là. De plus, on a le sentiment de s'améliorer de jour en jour grâce à cette tournée. C'est compliqué, du coup, de penser à quitter quelque chose qui domine tant notre vie pour de s'atteler à d'autres projets artistiques. Donc on verra bien, mais oui, on y pense sérieusement.
D'ici quelques jours la tournée prendra fin et vous retournerez en studio. Tu restes très secret sur la direction que vous allez donner à ce nouvel album, mais je sais que tu t'intéresses de près à la World Music. Est-ce que c'est dans cette direction que l'on doit aller chercher pour ce nouveau disque?
C'est une bonne question que tu poses. Comme tu l'as dis je veux rester discret sur ce qu'on est en train de trafiquer, mais je peux te confirmer qu'en effet on s'intéresse à d'autres genres musicaux et qu'ils vont inévitablement nous influencer. Pour être honnête ,on écoute très peu de Rock en dehors, ce qui est, je pense, assez bizarre.
Tu as souvent fait référence en interview au fait que la douleur provoquée par les événements tragiques que tu as traversé a beaucoup inspiré tes compositions. Maintenant que la vie semble te sourire d'avantage est-ce que tu crains pour ta créativité?
En effet ça me préoccupe, notamment parce qu'aujourd'hui je suis un adulte et qu'à l'époque je n'étais pas armé pour gérer les choses auxquelles j'étais confronté. C'était une période très délicate dans ma vie. Je suis en train de me réhabituer à la normalité d'une certaine manière. J'ai déjà composé cinq morceaux mais il me reste encore beaucoup de travail. Ce qui est certain c'est que je me pose la question de savoir: « si on arrivait avec un disque trop optimiste est-ce que cela ne constiturait pas un trop grand changement pour notre public »? En même temps on doit faire de la musique pour nous avant tout et je ne veux plus me retrouver dans les états dans lesquels j'étais à l'époque. Tout en sachant que je n'ai pas non plus envie de devenir odieusement positif tel un chanteur de Reggae ou les Dave Matthews Band. C'est pas très sympa en fait de me moquer de Dave.
Tu sais il est beaucoup moins connu en Europe qu'aux Etats-Unis donc tu es tranquille.
Peut être que c'est du à son style vestimentaire. À ce sujet j'aimerai mettre en lumière le fait qu'il porte des pantalons un peu suspects. Je veux que tu mettes ça dans l'interview: « Billy McCarthy à dit que Dave Matthews porte des pantalons vraiment curieux ».
Quels thèmes différents souhaiterais-tu aborder avec ce nouvel album?
Je ne pense pas que ce soit le bon moment pour en parler. Tout ce que je peux te dire c'est que l'on travaille actuellement sur dix-sept maquettes de chansons qui sont très variées les unes par rapport aux autres et que j'ai peur qu'en en disant trop cela ne déconcerte les gens plus qu'autre chose. C'est compliqué de parler d'Art avant que le projet ne soit achevé.
A propos d'Art, j'ai pu lire que We Are Augustines a commencé comme un projet artistique et non comme un groupe de Rock. Est-ce que tu dirais qu'aujourd'hui vous êtes devenu un groupe à part entière?
Oui, vraiment. Mais je pense que c'est le cas parce que j'ai eu la chance d'avoir Eric à mes cotés, qui m'a beaucoup soutenu tout comme je l'ai fait avec lui. Tu sais, une grande partie de notre réussite provient du fait qu'on a accepté assez vite que personne n'en avait rien à foutre de nous et qu'à moins qu'on ne se bouge par nous même ça n'allait aller nul part. Personne ne voulait de notre disque même si cela peut paraitre bizarre après l'année de fou que l'on vient de vivre. Les labels ne se sont intéressés à nous qu'une fois que le groupe à commencer à bien marcher. À partir de ce moment là ils voulaient tous nous signer mais on a décliné les offres et on a choisi d'y aller seul à notre manière. Au final je suis vraiment content qu'on ai pas abandonné et qu'on se soit entêter dans notre passion.
A ce sujet vous avez lancé votre propre label (Oxcart Record) pour vous affranchir de l'industrie musicale traditionnelle qui vous a beaucoup déçu, on l'a compris. Est-ce qu'à l'avenir vous aimeriez signer d'autres groupes dessus?
Oui j'aimerai bien bosser avec un groupe, mais c'est plus le domaine d'Eric. Lui est très attiré par tout ce coté technique, moi je préfère le coté créatif, c'est un peu comme ça que notre binôme fonctionne. Lui a d'ailleurs déjà produit un groupe par le passé. Pour le moment on prend notre temps et on apprécie ce qui est en train de nous arriver. Mais dans le futur qui sait…
On en a fini avec les sujets sérieux, place à un peu détente. Tu t'intéresses beaucoup à ce qui ce fait en musique. Pour attiser la curiosité de nos lecteurs quel artiste apprécies-tu particulièrement écouter en ce moment?
J'aime beaucoup Charles Bradley. Il vient aussi de New York et on s'est vraiment identifié à son histoire. Lui comme nous avons attendu longtemps avant de pouvoir sortir notre disque et on a tous du faire des boulots de merde entre deux. En plus sa musique est géniale et c'est un mec en or donc on essaye de répandre la bonne parole à son sujet autant qu'on peut. Il faut aller le voir sur scène, il assure. C'est d'ailleurs son disque qu'on écoute dans la loge avant nos concerts.
Dans ta vie, quel concert regrettes-tu d'avoir loupé et adorerais-tu pouvoir revoir si on t'en donnait la possibilité?
Il y en a plusieurs. C'est marrant, on en parlait l'autre jour justement. Live Aid ça aurait été cool. Je dirais aussi Paul Simon à Central Park en 1991 ainsi que Nirvana à Reading en 1992. Et enfin Jimmy Hendrix que j'aurais adoré voir une fois.
Si tu pouvais choisir d'exceller dans un domaine, autre que la musique, ce serait quoi?
Tu sais quoi? Ce qui serait vraiment cool ça serait d'être un très bon mécanicien. Un de mes rêves est de faire un road trip en deux roues en partant du Canada pour rejoindre l'Argentine. Le problème c'est que je n'ai aucune idée de comment réparer une moto. Je sais la conduire mais c'est tout. Donc voilà, si je pouvais savoir faire ça je serais ravi!
Avant de conclure, y'a-t-il une question qu'on ne te pose jamais et que tu aimerais entendre plus souvent?
Oh, tu m'as pris de court là…. Excellente question! Euh… Aucune idée. Déjà j'aimerai dire qu'on est tellement heureux aujourd'hui avec We Are Augustines que j'aimerai ne plus avoir à expliquer ce que Pela représente pour nous. C'est le passé et on souhaite vraiment se concentrer sur l'avenir. Mais pour en revenir à ta question, je dirai: « quelle est ma nourriture préférée ou quelle est ma boisson préférée? » Personne ne cherche jamais à savoir cela.
Et la réponse alors?
La bouffe mexicaine et la Salsa Water (une eau aromatisée qui n'existe que chez l'Oncle Sam).
Bien joué et on vous souhaite tout le meilleur pour ce qui vous attend, mais ça s'annonce très cool et prometteur en tout cas. On se réjouit de voir votre char de guerre romain jeudi à Fri-Son.
Nous on se réjouit de découvrir cette salle et de jouer là bas!
Ecrit par Gwenn Rethoret - Le 15 oct 2012
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