L'Escampette Editions, 2012
"(...) quand le vertige de ce qui s'est passé
comme une ombre sur tes mains
impose son dédale sur tes gestes
il faut plonger (...)"
Depuis Amère indienne (2006, Gallimard), la poésie d’Emmanuel Merle
arpente des lieux, des territoires abrupts comme la montagne de l’alpiniste, ou vaste comme ceux des grands espaces nord-américains.
Harrison, Carver, Crumley dans sa besace, Mobydick de Melville pour escorter la traversée d’Un homme à la
mer (2007, Gallimard), le poète longe les rives d’ailleurs par lesquels il affronte la brutalité de la vie, la colère face à la perte,
mais aussi ce qui fonde ses propres racines dans un temps qui est là. Dans un présent parsemé d’un amour qui est comme de l’écume sur les mots.
Dans Ici en exil, son dernier recueil, le poète, tel Orphée, poursuit sa traversée dans une nature d’arbres, d'eau et de pierres. Une nature complice mais violente aussi, comme la vie, comme la naissance qui est un cri, un déploiement sur l’inerte, sur le flou de l’existence, et qui porte vers la beauté, l’ampleur d’être au monde, entre terre et ciel. Le cri est un jaillissement. La langue est désormais plus épurée, plus saillante et plus dense, semble t-il, et se positionne plus directement au centre d’elle-même. Elle est une main qui se libère et qui se hisse pour créer du lien, une Présence à l’autre et l’accompagner, lui aussi peut-être, dans les sillons et le labyrinthe de ses propres profondeurs.
" (...)
A l'homme qui saisit une pierre
le monde rappelle la vie
radicale et muette
de ce qui est "
Emmanuel Merle était l’invité de l'émission littéraire "Entre Paroles & musique" (RCF Isère) les 10, 11 et 12 octobre 2012 pour parler de ce dernier recueil, Ici en exil, de son écriture et de ses contributions à des livres d'artistes (éditions Sang d'encre, Le Verbe et l'Empreinte). Après Amère Indienne et Un homme à la mer, le poète a également fait paraître Pierres de folie, recueil publié aux éditions La Passe du vent.
Pour écouter l'entretien :
Le choix musical d'Emmanuel Merle :