A la Réunion, on a connu les années noires de cette conception étrange du journalisme : jusqu'en 1976, et l'arrivée du Quotidien, il y avait la télé publique, et le Jir, deux médias porte-parole de la droite, au grand dam du PCR, qui tentait à l'époque de faire de la résistance avec Témoignages -qui pouvait justifier alors de son existence.
Depuis, les temps ont bien changé, avec l'arrivée des radios libres, de la télé par satellite, et surtout d'internet. Le Jir a toujours un vieux fond de droite conservatrice, malgré une évidente bonne volonté d'objectivité, le Quotidien a encore une majorité de journalistes dont le coeur porte à gauche, et Témoignages reste l'illisible bible du PCR.
Et quand bien même ? Qui peut s'imaginer un journaliste aux ordres, faisant relire avant imprimatur son papier par un rédac-chef qui n'aurait que ça à faire : complaire à un parti, un député, ou un préfet ?
Pendant les cinq années de Sarkozysme, les unes laudatrices de la presse nationale ont été légion. Une presse de gauche, ou de droite, ça a autant de sens que de s'interroger gravement sur le sexe des anges. Fondamentalement, quel journaliste peut se demander, avant d'écrire son papier, s'il sera plutôt de gauche ou de droite ? C'est de la mauvaise foi que de s'interroger sur la bonne foi d'une profession qui doit rapporter des faits, et, éventuellement les commenter. Et là, on peut commenter : l'UMP est devenue très, très, con. Entre les petits pains au chocolat de Copé et la carte d'identité politique des journalistes (indiquer, à l'entrée dune école de journalisme ou de la fac, votre orientation politique, votre religion, et la profession de vos parents), la droite forte perd l'air. Zut, je deviens de gauche, là...
François GILLET