Néanmoins, cet article ne va pas tellement au-delà du constat catastrophique, et c'est bien dommage. Même si la responsable de MDM interviewée dans l'article pose les bonnes questions, je trouve que la cause de la diminution est principalement expliquée par le développement des pays d'origine, sans aucune remise en cause de l'absence d'adaptation de la France à cette évolution du contexte international, pourtant bien réelle. L'exemple de pays qui ont su se réformer et qui voient leurs adoptions augmenter, comme l'Italie et l'Espagne, n'est même pas cité. Et les propositions d'EFA, entre autres,à peine effleurées.
Certes, les pays d'origine évoluent, se développent et développent l'adoption domestique. Sous-entendre que certains pays en profitent pour conserver les enfants en bonne santé dans le pays d'origine car cela coûte moins cher au système social du pays en question comme le fait un peu cyniquement, mais lucidement, la responsable de MDM, pourquoi pas. Mais oublier de dire que la France bouge fixe, totalement immobile en matière d'évolution des procédures et des accompagnements avant et après l'adoption, oublier de dire que l'AFA est inefficace, malgré des efforts louables mais insuffisants, oublier de dire que les COCA, pourtant saluées, ont peu de moyens... c'est dommage, surtout venant d'un journal comme Le Monde. D'autres articles viendront peut-être compléter celui-ci ... je l'espère!
J'en publie ici les extraits les plus significatifs:" En 2005, quelque 4 000 enfants de toutes nationalités étaient adoptés par des Français. En 2012, ils devraient être 1 500, selon les projections du ministère des affaires étrangères (pour, en moyenne, 600 enfants français). Tous les pays d'accueil sont touchés dans les mêmes proportions (– 60% aux Etats-Unis). La tendance devrait se poursuivre. "Il faut réagir si nous voulons qu'il y ait encore des adoptions internationales en France dans dix ans", affirme Nathalie Parent, la présidente de Enfance et familles d'adoption, principale association de parents adoptifs.
Les raisons se trouvent dans les pays de naissance des enfants. Tout d'abord, ils sont de plus en plus nombreux à ratifier la convention de La Haye de 1993. Le texte établit le principe de subsidiarité : l'enfant délaissé par ses parents doit être maintenu dans sa famille élargie, ou à défaut être adopté dans son pays. Car être élevé loin de sa culture d'origine peut être un traumatisme supplémentaire pour un enfant abandonné. "L'adoption internationale est le dernier recours", résume MmeParent. La convention proscrit aussi les adoptions individuelles, et oblige à passerpar des organismes agréés, afin de lutter contre la corruption et les trafics d'enfants. Cela ralentit le rythme des adoptions, voire les stoppe complètement, le temps pour certains pays de se mettre en conformité.
En parallèle, les anciens grands pays d'origine – Chine, Brésil, Russie... – se développent. "Au Brésil, des classes moyennes apparaissent, analyse Geneviève André-Trevennec, directrice de l'organisme autorisé pour l'adoption de Médecins du monde, le plus gros opérateur associatif français. Ces couples fondent leur famille plus tard et rencontrent les mêmes problèmes de fertilité qu'en Europe.Ils sont candidats à l'adoption. Dans le même temps, le pays fait de gros effort dans la protection de l'enfance pour lutter contre les abandons."
Autre exemple, la Chine a assoupli la politique de l'enfant unique. Les petites filles, auparavant délaissées au profit des garçons, sont moins souvent abandonnées. De façon sous-jacente, la fierté nationale entre aussi en jeu. "Proposer des enfants aux pays riches, c'est un aveu d'échec", explique une source diplomatique. Les Russes limitent les départs au maximum en demandant aux postulants de longues formations. Les Chinois posent des conditions exigeantes."Beaucoup de pays ont compris que les enfants étaient précieux pour leur avenir", poursuit Mme André-Trevennec.
Même si leur situation ne s'améliore pas systématiquement sur le terrain, cette évolution est dans l'intérêt des enfants. "Dans un monde idéal, il n'y aurait plus d'adoption internationale, dit-on au ministère des affaires étrangères. L'objectif du système est de trouver une famille pour chaque enfant, pas un enfant pour chaque famille." Les conséquences sont rudes, cependant, pour les candidats tenaillés par le désir d'être parents.
"Il y a dix ans, l'enfant rêvé était proche de l'enfant proposé, explique Mme André-Trevennec. Plus les années avancent, moins c'est le cas. Un bébé en bonne santé, il ne faut plus y penser." Sur le premier semestre 2012, plus de 30 % des enfants adoptés en France avaient plus de 5ans, seuls 9% moins de 1an. Les candidats se voient proposer de plus en plus de fratries et d'enfants atteints depathologies (problèmes orthopédiques, cardiopathies, hépatites B et C, VIH).
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Comment réagir ? Les interrogations montent sur le gouffre entre les 25 000 agréments en cours de validité et le nombre d'adoptions. D'autant que les agréments sont délivrés par les présidents élus des conseils généraux, qui peuvent passer outre l'avis des services spécialisés. Cette procédure, qui est aujourd'hui une évaluation des aptitudes parentales, ne devrait-elle pas être repensée? "Elever le niveau d'information et de préparation des familles est indispensable, estime Mme André-Trevennec. Il faut travailler avec elles sur leur capacité à faire évoluer leur projet et sur les limites de ce qu'elles sont en mesure d'assumer."
Mieux préparer les candidats était l'un des objectifs d'une proposition de loi de la députée UMP Michèle Tabarot, votée en première lecture au Sénat en mars2012, avant l'alternance. Le texte visait également à faciliter l'adoption d'enfants français délaissés. Pas simple, quand le maintien du lien avec la famille biologique est au cœur de la politique de l'aide sociale à l'enfance.
Au-delà, certains commencent à s'interroger sur les limites du système. "Certains pays ne se défaussent-ils pas de leurs responsabilités en donnant à l'adoption internationale des enfants malades?", interroge-t-on par exemple au ministère des affaires étrangères. "On peut se demander jusqu'à quel niveau de sévérité dans la maladie l'adoption est possible, ajoute Mme André-Trevennec. Et jusqu'à quel âge il est judicieux de transférer un enfant à 15 000km de chez lui."
Source: LeMonde,