Sympa. Quelle tête pourraient-ils avoir, les pauvres ? Les abysses sont si hostiles… Savez-vous que l’endroit le plus profond des océans - la fosse des Mariannes – plonge à 11 km sous la surface du Pacifique ?
Oui, 11 km. Du coup, entre le noir, le froid, la pression et le manque d’oxygène, pour survivre dans un tel enfer, il n’y a pas trente-six solutions : il faut s’adapter !Et ce n’est pas qu’une question de physiologie.
D’accord, nager lentement permet d’économiser l’énergie. D’ailleurs, par la force des choses, les grands fonds abritent surtout une faune peu ou pas mobile (anémones, oursins, ophiures, crevettes, vers, etc.) alimentée par les particules tombées du haut qui forment la neige marine. Mais il n’y a pas que ça. Le physique aussi doit suivre !
Dés -150 mètres, il fait sombre ? Alors, peut-être que les mirettes globuleuses du vise-en-l’air ou celles, immenses, du grandgousier ne sont pas esthétiques. Mais elles sont bien commodes pour distinguer les créatures qui pourraient servir de repas. La parade pour les proies ? La transparence. En plus, un corps gélatineux riche en eau évite de finir écrabouillé sous la pression.
Au-delà de 1000 m, il fait vraiment noir ? Ici, une bonne vue est inutile. Les yeux sont riquiqui. Et ce n’est pas plus joli. Quand certains allument la lumière, il y a de quoi avoir la trouille en découvrant leur bouille ! Souvenez-vous de l’horrible baudroie abyssale agitant son filament pêcheur lumineux pour appâter Marin et Dory dans Le Monde de Némo ? Souvent produite par des bactéries, cette bioluminescence est un tour de magie de la luciférine comme chez les lucioles et vers luisants). De nombreuses espèces l’emploient dans l’immensité obscure pour se protéger, attirer un partenaire du sexe opposé ou chasser.
Une chose est sûre : pour tous, quand le buffet passe à proximité, l’attraper est une question de vie ou de mort ! Un odorat affûté et une bouche immense aux dents longues comme des barreaux e prison sont indispensables. Parlez-en au poisson ogre ou au chauliode féroce dont les crocs sortent carrément de la gueule et remontent à hauteur d’yeux…
Par Caroline Lepage