[Critique] RESIDENT EVIL : EXTINCTION

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Resident Evil : Extinction

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Russell Mulcahy
Distribution : Milla Jovovich, Oded Fehr, Ali Larter, Iain Glen, Mike Epps, Christopher Egan, Jason O’Mara, Spencer Locke, Matthew Marsden…
Genre : Science-fiction/Action/Horreur/Adaptation/Saga
Date de sortie : 3 octobre 2007

Le Pitch :
Voilà maintenant cinq ans qu’un virus mortel a dévasté la ville de Racoon City. Malgré les tentatives d’Umbrella d’empêcher la propagation de la maladie, l’épidémie a maintenant envahi toute la planète et transformé la quasi-totalité de la population en zombies. L’environnement a été détruit, les continents ne sont que de vastes déserts et l’humanité est une espèce en voie de disparition. Alors que le Dr. Sam Isaacs et sa division scientifique se replient sous terre pour continuer leurs expériences biotechnologiques, quelques survivants regroupés dans un convoi de véhicules blindés vont tenter d’atteindre une zone qu’ils pensent non-infectée. Alice, traquée par Umbrella et son ADN à présent modifié, est contrainte de se joindre à ses nouveaux compagnons d’infortune et de lutter pour survivre dans ce milieu hostile. Mais le combat ne fait que commencer, puisque Alice est une arme, une arme vivante…

La Critique :
Vous savez ce qui fait peur chez les Resident Evil ? Le fait qu’ils commencent à s’améliorer. C’est quelque-chose à la fois alarmant et pittoresque : alarmant parce qu’on se rend compte que Resident Evil : Extinction, qui arrive presque au niveau solide de « pas mal », avait deux volets inférieurs, qui lui ont rapporté assez de fric pour justifier son existence ; mais pittoresque tout simplement à cause de la notion qui veut qu’une série de films d’action assez bien réalisée, progresse toujours à un niveau d’essai et d’erreur entre chaque épisode. L’original n’était qu’une purge épouvantable, le second volet assez divertissant (surtout parce qu’il semblait être conscient de son incompétence) et nous voici avec un troisième opus : une sorte d’hybride d’action, de science-fiction et d’horreur et un film de série B à part entière, mis en scène d’une manière parfaitement adéquate.

L’habitude oblige, la saga tourne toujours autour des machinations sinistres d’Umbrella, un conglomérat de biotechnologie avec apparemment assez de thunes pour construire des cités de recherche souterraines et garder des satellites privés en orbite, même si leur seul produit de vente montré à l’écran (dans des pubs blagounettes pour le second opus) n’est qu’une drogue high-tech d’anti-vieillissement. Produit qui marche si bien qu’il a déclenché une épidémie de zombies dans le standard de George A. Romero.

Ainsi, les morts-vivants standards et les autres mutants déchaînés par les expériences d’Umbrella reviennent également pour une autre virée. Après avoir envahi un laboratoire dans le premier, dévasté une ville dans le deuxième, ils sont maintenant les nouveaux maîtres de la planète, qui ressemble désormais au Sahara (pour une raison ou pour une autre, le virus mortel qui transforme tout le monde en zombies, tue les plantes et assèche les rivières. Allez savoir…).

On est maintenant chez Mad Max : Las Vegas a été engloutie par le désert, les restes de l’humanité parcourent le paysage post-apocalyptique à la recherche de provisions et du zombie à buter, Umbrella se planque dans ses bunkers et continue ses expériences (pourquoi ? Le capitalisme existe toujours ?), et Alice (la toujours-belle Milla Jovovich, qui n’est pas loin d’être couronnée nouvelle reine des héroïnes d’action de série B) se la joue western, pour aller botter du cul avec ses superpouvoirs de télékinésie. Bien entendu, c’est du déjà vu et il n’y absolument rien d’original, mais il faut le reconnaître, c’est rafraîchissant de voir un tel lifting dans le genre épuisé du film zombie. Pour une fois, le scénar se concentre sur un monde dépourvu d’humanité, plutôt que de tourner autour des morts-vivants. Et tout ceci en plein-jour !

La mauvaise nouvelle, c’est qu’Alice est toujours la star du show, et donc au grand malheur des fans, les persos du jeu vidéo comme Claire Redfield sont recalés encore une fois aux rôles secondaires. La caricature raciste « cool, ma poule! » de Mike Epps est de retour pour nous faire chier, et visuellement c’est encore un peu moche pour un long-métrage au statut cinématographique. Iain Glen fait un boulot admirable dans la peau du nouveau méchant, un scientifique d’Umbrella assoiffé par le pouvoir, mais on s’amuse beaucoup moins avec le nouveau monstre qui remplace Nemesis. Et bizarrement, quelqu’un semble avoir pris la décision inexplicable de retoucher numériquement le visage de Milla Jovovich, à la manière du photoshopping pour les magazines de mode. Paradoxalement, le résultat n’est pas beau à voir : de gros-plans en gros-plans, l’actrice alterne entre une apparence humaine et une apparence de mannequin digital.

Mais le bon côté, c’est l’action,qui sauve les meubles. Décidément, Paul W.S. Anderson est bien sage là où il est, à colorier le scénario cousu de fil blanc de clichés prévisibles (on est dans un film de zombies, alors on parie combien qu’un mec se fera mordre et ne dira rien aux autres, que les survivants devront coller une balle dans la tête de leurs amis soudainement-infectés, et qu’un de ces maudits scientifiques aura la mauvaise idée de protéger les morts-vivants pour mieux les étudier ?) et de laisser la caméra aux grandes personnes. Vétéran du cinéma de genre sous-estimé dans son travail, Russell Mulcahy (Highlander, Razorback, The Shadow…) a un bon œil pour l’action, et personne ne filme les combats zombies vs. nanas mieux que lui. C’est de loin l’homme le plus doué qui ait osé s’attaquer à la franchise. Ali Larter se débrouille vraiment pas mal avec ce qu’elle a, et Oded Fehr (l’homme d’action macho israélien de La Momie et de la série télé Sleeper Cell) revient en force avec un rôle beaucoup plus étoffé.

Que dire ? Resident Evil : Extinction est le meilleur de la série. D’accord, c’est au mieux une grosse bêtise divertissante et au pire un plagiat monotone et incohérent de Mad Max. Et oui, si on veut de l’exaltation intellectuelle ou quelque-chose de spirituellement satisfaisant, faut forcément chercher ailleurs. Mais c’est fun tant que ça dure et en terme de cinéma fastfood, il se dégage bien du lot, à côté de l’euphorique D-War : La guerre des dragons. On a franchi le cap officiel où la série Resident Evil n’a plus rien à voir avec les jeux vidéo eux-mêmes. Mais, après tout, quand Capcom a sorti Resident Evil 4, un jeu qui n’avait quasiment aucun rapport avec le reste des épisodes, ils ont fini par faire le meilleur volet de la saga, non ?

@ Daniel Rawnsley

Crédits photos : Metropolitan FilmExport